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Critique de Enroute


Pour justifier que la mondialisation implique une redéfinition de l'identité humaine dans le monde qui passe nécessairement par la constitution d'une grammaire plus évoluée que celle que nous connaissons aujourd'hui, Jean-Marc Ferry s'attache dans ce premier tome consacré aux puissances de l'expérience à démontrer que la manière de définir les identités culturelles s'est faite par le passé par le biais de discours dont le registre n'est pas resté statique. le développement d'un nouveau registre ouvre désormais la voie au développement d'une communication intersubjective qui réconcilie les cultures entre elles et laisse la place à l'intrusion de la nature comme nouveau partenaire dans la recherche d'une identité contemporaine qui sache proposer à l'agir humain une éthique soutenable dans le monde désormais fermé où il vit.

Cette identité reconstructive doit s'appréhender sous la forme d'une communication qui place la vérité non dans son rapport aux faits (science) ou au juste (éthique) mais à l'expérience (esthétique). Tout discours en ce qu'il prétend porter une valeur de vérité doit être contextualisé et analysé prioritairement sous l'angle de ses structures de production avant son contenu formel. de fait, il s'agit de s'interroger sur l'authenticité de la parole énoncée plutôt que sur son critère de véracité, attendu que la raison n'est plus tenue que pour un moyen historiquement situé d'établir des vérités désormais achevé depuis que de hautes cultures ont occasionné des catastrophes atomiques. En conséquence, le sujet pensant est dépassé par le verbe par lequel il se donne une identité, éventuellement malgré lui par l'emploi instinctif - et donc dénué d'approfondissement réflexif - de celles qui se trouvent à sa disposition. Mesurer l'authenticité de la parole doit primer sur l'évaluation de sa valeur de vérité dans le rapport au monde extérieur de son contenu signifiant. Cette nouvelle réception du verbe implique le développement d'une théorie de la communication qui redéfinisse le partage communicationnel du monde par l'humanité où la nature devra prendre sa place, peut-être par l'invention d'un pronom personnel (après Je, Tu et Il) et un temps verbal qui lui seraient propres.

Dans le deuxième Tome, JMF recense les évolutions négatives des systèmes sociaux, socio-économique et socioculturel en pointant l'importance à accorder à la communication sous l'angle d'une triple expérience du monde vécu, celui du travail, de l'interaction et du langage, abordés sous l'angle du Il, du Tu et du Je, comme autant de manières de partitionner la sphère de la connaissance en dépassant le clivage science/culture vers une reconnaissance de modes différenciés de constitution du savoir. Il conclut par la nécessité d'une identité reconstructive morale et politique qui trouverait son emploi préférentiel dans le projet européen.
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