AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Andromeda06


"La boîte à magie" n'est pas mon premier Camilla Läckberg, loin de là. Et si j'en retarde la lecture depuis plusieurs semaines déjà, ce n'est pas à cause de son nombre de pages (qui avoisine les 700), mais plutôt par rapport aux quelques retours mitigés que j'ai pu en lire ou qui me sont revenus autour de moi, et surtout parce que la personne qui me l'a prêté, inconditionnelle fan de l'autrice et qui a d'ailleurs lu tous ses livres, a mis plusieurs mois à le finir (elle n'a pas du tout aimé). Quelquefois (souvent ?), il m'arrive de ne pas faire comme tout le monde et d'aller à contre-courant. C'est le cas ici mais pas de l'avis général, puisque globalement "La boîte à magie" est assez bien côté (3,99/5 à ce jour sur Babelio), mais vis-à-vis des retours de mon entourage, puisque je suis pour l'instant la seule qui ai adoré. 672 pages dévorées en deux jours...

Pour ce petit pavé, Camilla Läckberg s'est associée à Henrik Fexeus, mentaliste suédois à qui l'art de la magie, des illusions et de l'esprit n'a que peu de secrets. Ils nous invitent tous deux à prendre part à l'enquête menée par une équipe quelque peu originale, où chacun des membres a une "spécialité" particulière. C'est ainsi que nous sommes amenés à faire connaissance avec Julia, Ruben, Christer, Peder, et surtout Mina, dont l'idée de faire appel à un mentaliste pour les aider vient d'elle. Voilà comment Vincent, imminent mentaliste dont le succès et la réputation ne sont plus à faire, se retrouve mêlé à des meurtres plus sordides les uns que les autres.

Certains tours de magie, qu'on connaît certainement tous d'ailleurs, comme la boîte transpercée d'épées ou la femme coupée en deux, sont mis en scène, à la différence que dans ceux-ci, on n'y décèle aucun subterfuge, aucune trappe cachée, aucune illusion, aucune chance pour que "l'assistant" n'en sorte par lui-même. C'est ainsi que Tuva sera découverte, enfermée dans une boîte et transpercée d'épées de part en part, ou encore Robert, enfermé et découpé dans une armoire à trois compartiments...

En-dehors de l'intrigue qui nous tient en haleine de bout en bout, nous sommes face à des personnages très atypiques et qui recèlent de secrets bien gardés et/ou d'un passé douloureux. Mina est une enquêtrice studieuse atteinte de mysophobie et du toc des laveurs, dont on devine un passé déchirant, qui se rend régulièrement aux Alcooliques Anonymes alors qu'elle n'a jamais eu de problèmes avec l'alcool. Elle fait souvent équipe avec Vincent, mentaliste très cultivé, lui-même atteint d'arithmomanie, de claustrophobie et de quelques autres tocs également. Ils forment donc un duo certes efficace mais bien original. Il y a aussi Julia, qui dirige l'équipe, déterminée à montrer qu'elle est bien plus que la fille de son père ; Ruben, le flic lourd et misogyne, qui ne voit pas beaucoup plus loin que le bout de son nez ; Christer, flic proche de la retraite et ami des animaux ; Peder, nouvellement papa de triplées qui se dopent de caféine et de boissons énergisantes entre deux sommes. Et puis, il y a Sara aux écoutes téléphoniques, la fille au dauphin et l'homme au chien du cercle des AA, les soeurs Maria et Ulrika, femme et ex-femme de Vincent, ainsi que leurs enfants. Les personnages sont relativement nombreux, mais reviennent constamment. On s'immisce souvent dans leur vie privée, ce qui peut être perçu comme des digressions. J'y ai vu pour ma part une bonne façon de les camper et de les cerner.

L'intrigue, quant à elle, que j'ai trouvée sacrément bien ficelée, m'a embarquée dans un milieu que je connais très peu et dont j'ai appris beaucoup, celui de l'art de la magie et du mentalisme, créant une atmosphère psychologiquement particulière, où illusions et magie côtoient mensonges et faux-semblants. Mais il y est aussi question de profilage et de psychologie, de désordres obsessionnels, de meurtres et de vengeance, de relations sociales, humaines et/ou familiales chaotiques, de jalousie aussi ou encore de fan harceleur. Rien de vraiment gai donc, avec quelques passages un peu ragoûtants (mais très peu), et pourtant j'ai été immédiatement happée par ma lecture. Suspense et tension à gogo, révélations inattendues qui arrivent à point, personnages à la psychologie fouillée (souvent tordue aussi), situations qui prêtent à sourire ou au contraire qui prend aux tripes, fin angoissante. J'ai adoré.

La seule chose que je pourrais lui reprocher, comme à chaque fois avec Camilla Läckberg d'ailleurs, ce sont les personnages essentiellement stéréotypés. Ruben en est l'exemple typique.

Petit plus pour les petits clins d'oeil qu'on devine à la Covid-19, et qui font sourire. Comme Mina par exemple qui, à cause de ses troubles, rêve d'une société qui se laverait sans cesse les mains et qui porterait masques et gants au quotidien. Ou encore Torkel qui, pour être toujours prêt à faire face à n'importe quelle situation, n'hésite pas à dévaliser le rayon de papier-toilette.

Je viens tout juste d'apprendre qu'un second tome est sur le point de sortir, le 10 mai prochain. Il y a de fortes chances que je me précipite dessus, en espérant, maintenant qu'on connaît intimement le passé de Vincent, en apprendre davantage sur celui de Mina.
Commenter  J’apprécie          8113



Ont apprécié cette critique (73)voir plus




{* *}