Citations sur Classées sans suite : Les femmes victimes de violence f.. (12)
C'est pourquoi, pour rompre avec cette idéologie délétère, il faut sans doute entrer en résistance intellectuelle, en militance ferme : il faut aller chercher d'autres modèles, d'autres références, secouer l'histoire pour lui faire dégorger toutes les femmes silenciées et invisibilisées (…)
À l'heure actuelle, on ne peut ignorer que déposer plainte équivaut à s'engouffrer dans un tunnel sans lumière tout en s'exposant à être broyée par le système. Bien à l'opposé, donc, d'une quelconque voie de prise en charge correcte.
À la naissance, seulement 10 % de nos connexions neuronales sont établies : le cerveau d'un individu se développe donc essentiellement à partir de la naissance et selon l'expérience de vie. (...) Le cerveau n'est donc pas figé. Prendre une « photo » IRM de cet organe revient juste à en fournir un cliché instantané à un moment donné. Au moment de la photographie d'un cerveau adulte, les connexions neuronales sont déjà imprégnées de plusieurs décennies de vécu patriarcal. Le fait de visualiser des différences ne signifie pas qu'elles sont présentes depuis la naissance, ni même qu'elles vont rester ad vitam : cela ne dit rien sur l'origine ni le devenir de ces disparités. D'ailleurs, ces différences n'apparaîtraient pas de manière significative chez les enfants, ce qui rend d'autant plus pressante l'urgence d'éradiquer le sexisme de l'école.
Réfléchir à des habitudes concrètes qui ne présentent vraiment pas un danger de mort immédiat peut être perçu comme une paranoïa excessive. En réalité, le sexisme commence ici : le fait de ne pas vouloir interroger des habitudes, en estimant que « ce n'est pas si grave », « ça a toujours été comme ça », est un signe de plus de l'incidence de nos préjugés sur notre jugement rationnel. Il ne s'agit pas ici de nous accabler individuellement du poids du sexisme collectif, sur lequel à l'échelle individuelle nous n'avons évidemment qu'une infime part de responsabilité. Il est plutôt question d'accepter d'interroger certains de nos réflexes sociaux. Ce n'est pas un exercice agréable, puisque cette réflexion peut ponctuellement nous amener à remettre en question des choses que nous faisons, que parfois même nous aimons, et qui nous rassurent car elles appartiennent à notre système de valeurs.
Il faut pourtant être lucide et sortir de ces stratégies de communication délétères. À l'heure actuelle, on ne peut ignorer que déposer plainte équivaut à s'engouffrer dans un tunnel sans lumière tout en s'exposant à être broyée par le système. Bien à l'opposé, donc, d'une quelconque voie de prise en charge correcte.
Toutefois, il est indéniable que déposer plainte permet d'entrer dans les statistiques et ainsi de sortir « officiellement », par les chiffres, les violences de l'invisibilisation.
C’est ainsi qu’après la difficile acquisition de leurs droits en France au XXe siècle, les femmes font désormais face à la difficulté de les faire respecter et appliquer en justice.
Le manque d’égard global apporté aux femmes dans ces confrontations , largement dénoncé par les associations, accroît grandement l’impression de n’être ni respectées ni reconnues comme victimes tout au long du tunnel judiciaire.
Ce type de récit marqué par l’autojustification est un symptôme de la culpabilité ressentie par les femmes victimes, que le système entier entretient de façon scandaleuse.
Dans des formes moins extrêmes que le suicide, l’Etat porte la responsabilité d’entretenir la dépression des victimes.
Au premier rang des conséquences de ce sexisme ordinaire, les attentes stéréotypées de la société vis-à-vis des femelles transparaissent directement dans le traitement de leurs plaintes par les différents acteurs, des forces de l’ordre les revenant jusqu’aux juridictions.