Les yeux de charbon, tome 2

J'ai rarement distingué un degré d'éclat aussi admirable en un seul livre. Sandrine Fillassier sait "rendre l'ordinaire extraordinaire". C'est le pouvoir des grands écrivains que de sublimer à ce point les intrigues, et décidément toutes les oeuvres de Sandrine Fillassier ont ce pouvoir de percuter. J'ai reçu un uppercut à la mâchoire qui m'a mis K.O ! Ce n'est donc pas juste un livre divertissant, captivant et remarquable comme tous les autres. Dès les premiers chapitres, j'ai su que non seulement cette suite me comblerait, mais je savais à l'avance que je n'en "sortirais pas indemne". Ce manuscrit en deux tomes est un bijou ! Des personnages quelconques qui paraissaient brillants se sont révélés sombres au plus haut point, et on ne peut plus réaliste. L'autrice est une magicienne des mots. Elle a le sens du récit psychologique, elle parvient à renvoyer une pluralité de petits come-back magnifiquement amarrés ensemble pour nous donner une fresque noire charbon du bassin minier. Ce roman est étonnant, humain et désarmant puisqu'il marque l'esprit dans une grande palette d'émotions jusqu'à la résilience. Nous passons de la joie à la nostalgie, de la tristesse à l'indignation. Pauvre Angeline. C'est une sorte d'ode à la vie, malgré la présence de la mort et des nombreux défunts décrits avec élégance et doigté dans cette saga. Au fond, pour mieux cerner la vie dans toute sa profondeur et sa difficulté, on n'a pas vraiment d'autre choix que de tomber à genoux devant la faucheuse avant la sénescence. BRAVO !