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Critique de DOMS


« Tu verras, l'Inde est un pays imprévisible. »
Ces mots sont les derniers que Michèle Fitoussi entend prononcer par son amie Loumia Hiridjee, le 26 novembre 2008. Quelques heures plus tard, Bombay est paralysée par une série d'attentats d'une violence sans précédent, un massacre qui fait 165 morts et plus de 300 blessés. Loumia et son mari Mourad comptent parmi les premières victimes.

J'ai eu le grand plaisir de rencontrer Michèle Fitoussi pour la sortie de son livre « la nuit de Bombay ». Rencontre avec une femme lumineuse et passionnante, qui nous fait vibrer au fil de pages, qui nous rend aussi terriblement vivants.
Pour Michèle Fitoussi, découvrir Loumia Hiridjee, c'était aussi se découvrir elle-même. Elle apparait régulièrement comme une trame, un fil qui guide l'histoire, mais qui ne vient jamais au premier plan. Elle rend Loumia proche de chaque lecteur. Comme elle l'évoque lors de cette rencontre, le livre s'est créé grâce à cette alchimie secrète des gens qui écrivent, qui fait que l'histoire, la trame se met en place d'elle-même. Il lui a fallu des heures d'enquête pour comprendre l'histoire, la famille, la religion, le terrorisme, pour parfois en écrire seulement deux lignes dans le livre. C'est un « Roman Vrai », car à la différence d'un roman, là, les personnages sont réels.
Il semble évident, à écouter Michèle Fitoussi, que se plonger dans la vie d'une autre, c'est passionnant. Mais qu'il faut cependant s'obliger à une distance, être à la fois dedans et dehors. Les questions que se pose l'auteur sont les mêmes pour structurer son livre, il faut faire des choix. Qu'est-ce que j'écris ou pas ? Et l'écrire avec beaucoup de pudeur, être dedans sans l'être, ne pas prendre la première place. Cela transparait tout au long du récit, cette « juste mesure » indispensable. Elle avoue avoir été très contente d'en parler, d'exprimer ce qui était dans la tête tout au long de l'écriture de ce livre. « C'est bizarre de revenir à l'air libre après avoir écrit ces pages, il faut mettre beaucoup de distance, mais quand on écrit le mot fin, on se rend compte que ça fonctionne ».
Comme le dit son éditeur, c'est comme si Michelle Fitoussi avait créé un nouveau genre, à la fois biographie, autobiographie et roman. La voix et la musicalité de l'auteur se retrouvent dans chacun de ses livres, et là nous retrouvons non seulement son écriture mais aussi sa belle personne.
Loumia avait créé avec sa soeur Shama la marque de lingerie « Princesse Tam Tam ». Bien des femmes ont porté ses créations déjà dans les années 80, à une période où celles-ci étaient parfois bien mal coupées, mais juste parce que leurs motifs étaient tellement originaux dans l'univers si classique de la corsetterie. Et puis nous nous sentons terriblement proches de cette femme, attachante, énergique, heureuse, curieuse, inventive, et fort heureusement pas parfaite, tellement humaine en somme. On a envie de remonter le temps, d'arrêter le destin, de comprendre aussi.

Si j'ai eu quelques craintes en commençant ce livre, en fait j'ai été immédiatement emportée, comme si je lisais un roman ou une enquête. Pour le lecteur, connaître Loumia, c'est rendre vivantes toutes les victimes d'attentats, ces victimes dont on ne connait que le nombre. L'écriture nous rapproche d'elles. Cela devient très important de savoir que c'était des êtres humains contre d'autres êtres humains, pas seulement des anonymes, mais bien des victimes contre des terroristes, l'amour de la vie contre l'amour de la mort. Pour tout cela, ce livre est un véritable hymne à la vie.
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