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Critique de Arlenone


J'ai lu le premier tome de la saga Les anges déchus, de Becca Fitzpatrick, et j'avouerais que je suis assez mitigée. Ça faisait un petit moment que les quatre tomes traînaient dans la bibliothèque de ma mère, tout en me faisant de l'oeil. A propos d'oeil, parlons du livre: l'objet donne envie de l'ouvrir, j'apprécie beaucoup les couvertures, avec les photographies de James Porto. Cependant, c'est bien beau mais l'image ne fait pas tout. Qu'en est-il de l'écrit? Et de la personne qui tient la plume?
Becca Fitzpatrick née en 1979, a grandi dans le Nebraska et s'est rapidement mise à l'écriture après ses études de santé. Vivant dans le Colorado, le succès de sa saga Les anges déchus, ses premiers romans devenus très vite des best-sellers est assez anecdotique: c'est lors d'une formation d'écriture -offert par son mari pour ses 24 ans- qu'elle commencera à écrire les prémices de Hush, Hush. Fort de son succès, elle a écrit très récemment un thriller, Black Ice, dont la première publication en France était le 4 février 2015. Les droits d'auteurs de Hush hush avaient été acheté par une production pour en faire une adaptation cinéma. Malheureusement, le projet n'aura finalement pas lieu, selon les dires de l'auteure.

Entamons à présent le vif du sujet. Autant vous le dire de suite, je partais dans cette aventure avec un petit a priori, me disant que ça ressemblerait certainement à Twilight, Vampires Diaries et compagnie. Alors, verdict? Ce livre mérite-t-il son succès?
Au niveau de la forme, Hush, Hush ne révolutionne pas le genre. Une intrigue simple, sans thèmes ou problématiques précises (à moins que ça ne soit lié au sexe, au plaisir?), avec des rebondissements prévisibles (dommage pour le coup), des personnages stéréotypés, un découpage de l'histoire en courts chapitres. L'auteure, à mon sens, a pris un gros risque en mettant l'héroïne en tant que narratrice. Au fil de ma lecture, j'avais l'impression d'avoir une vue biaisée sur les autres personnages, les événements et l'héroïne même. D'autant plus qu'on a l'impression de passer à côté de quelques éléments, d'autres, inutiles, reviennent sans cesse et ajoutent quelques petites longueurs au rythme du récit.
Néanmoins, il y a également des côtés positifs, qui pallient la banalité du genre d'histoire. Premièrement: l'originalité de l'intrigue. J'ai dit précédemment que l'intrigue était simpliste, mais elle est néanmoins originale, car ce type d'histoire s'est déjà vu plein de fois: vampires, loups-garous... Mais l'idée que les rebondissements, éléments déclencheurs et perturbateurs soient liés à des créatures comme les anges déchus est très intrigante, et change des éternels « créatures de la nuit ». Il y a aussi le style de l'auteur, relativement abordable. le récit est très imagé. Becca Fitzpatrick a une bonne qualité d'écriture et du potentiel, mais il est dommage que cela ne se ressente que très moyennement à travers ce premier roman. J'espère cependant que cela s'améliorera au fur et à mesure de ses écrits. La lecture est fluide, mais pas dès les premières pages. Celles-ci sont assez maladroites, et donnent plus l'effet d'être des brouillons. D'autant plus que dans le récit (ceci dit, cela se retrouve surtout dans les tout premiers chapitres), il y a quelques incohérences. Par exemple, un personnage sera en train de faire une chose et sans transition, quelques phrases plus loin en fera, une autre. On a du coup, l'impression parfois de ne pas comprendre tout ce qu'il se passe, ou d'avoir raté des éléments. Je me suis souvent vue revenir en arrière et relire la page précédente durant ma lecture. Mais, cela s'explique par la manière dont a écrit l'auteure, qui malheureusement confirmait mon impression. Comme elle le dit elle-même sur son site, elle avait écrit la première version de Hush, Hush en seulement quelques semaines et n'étant pas satisfaite de son résultat, elle a décidé de tout reprendre, pour faire durer l'intrigue. Excepté les trois premiers chapitres, auxquels elle aura seulement rajouté la nouvelle version avant de publier tel quel. Malheureusement, cela s'en ressent beaucoup dans la lecture. Cependant, passé outre ces petites erreurs et maladresse, on se laisse plutôt bien porter par l'histoire au fil des pages.

Au niveau de l'intrigue, je suis plutôt sur la réserve. L'impression globale qui m'est resté est que ce premier roman est une esquisse, une sorte prologue à son histoire. Pourquoi?
Parce que tout d'abord, on est plongé dans un récit que l'on retrouve, à quelques détails près, dans d'autres sagas comme Twilight, Vampire Diaries... qui donnent l'impression d'être plongé dans un roman pour pré-ado. Certes, c'est un roman jeunesse, mais aussi fantastique. Malheureusement, le fantastique est assez secondaire, servant presque à justifier les liens entre les personnages, notamment le binôme Nora – Patch, qui avance beaucoup plus vite que l'histoire en elle-même. On aborde assez tard (un peu après le milieu du récit) les anges déchus, qui en plus d'être l'élément original de l'intrigue, est également le titre de la saga. Pendant les cent-cinquante premières pages environ, il y les personnages oui mais voilà: pas d'action, pas de péripéties (ou de quelques unes, mais pas ou peu développées). Hormis la seule obsession de l'héroïne pour un étrange personnage de sa classe, justifiée et décrite de manière assez surréaliste. (depuis quand harcèle-t-on et suit-on en filature un camarade que l'on ne connaît que peu et cela uniquement pour un devoir de classe?)
Irréalistes aussi, sont les premiers chapitres, dont je n'ai pas vraiment dont je n'ai pas vraiment compris l'intérêt de la grande majorité, ni certaines situations. (depuis quand est-ce logique qu'une entraîneur e basket-ball fasse des cours de biologie? D'ailleurs, on ne sait pas trop si ce sont de vrais cours de biologie ou de simples cours d'éducation sexuelle, il y a un certain amalgame dessus. (Puis d'abord, est-ce vraiment un cours? ça n'y ressemble pas du tout vu la manière dont cela se déroule...) Et puis "d'ailleurs", on le saura jamais vraiment, puisqu'on ne parle très vite plus des cours de biologie, à croire qu'il ne s'agissait réellement que d'un simple prétexte, peu recherché, pour introduire très grossièrement les personnages.))
Outre ces aspects, l'autre point négatif mais qui en même temps m'a plu, est le binôme Nora – Patch. Leur relation sont assez difficile au début, Patch s'amusant à faire tourner en bourrique Nora qui de son côté, est intriguée (et effrayée) par ce jeune homme qui lit en elle comme dans un livre ouvert. Même si leur romance n'est vraiment pas une surprise, j'ai néanmoins apprécié qu'ils ne sont pas « amourachés » l'un de l'autre. Un petit baiser par là et puis s'en va.
Le récit est un peu brouillon, l'intrigue pas très présente encore, mais on voit cependant le potentiel qui lui, est là. Comme une mise en bouche, qui nous pousse à tourner les pages d'une traite et à nous pousser dans le tome suivant. L'intrigue est un peu maladroite certes, mais la curiosité, cette petite lueur qui vous pousse à lire et continuer est là.

Quant aux personnages, j'hésite à être déçue ou sur la réserve, car je les ai trouvés très creux, inachevés. Je n'ai pu m'attacher réellement à aucun d'entre eux. Parfois, semblait-il ne pas avoir de personnalité, parfois semblait-il incarner des stéréotypes des lycéens américains, comme on peut en voir dans bon nombre de séries télés ou d'autres romans pour pré-adolescent(e)s.
Patch (drôle de nom, vous en conviendrez, mais attendez de savoir le pourquoi de ce nom...), celui qui toujours au fond de la classe, muet, discret, nouveau. Personne ne le connaît. Mystérieux, beau, grand, brun, ténébreux, solitaire. Vous l'aurez compris, c'est le type même du beau gosse ou bad boy, selon les goûts des lectrices.
Il n'empêche que s'il y a bien un personnage que j'ai apprécié, c'est celui-ci. Car il dégage quelque chose, car il m'a intrigué, et qu'au fond, sa personnalité ne correspond pas tant que ça à ce qu'il est physiquement. Ce que je veux dire, c'est qu'à la fin du livre, on n'a pas l'impression de le connaître tout à fait, du moins pas autant que pour l'héroïne ou sa meilleure amie. J'aime beaucoup la relation qu'il entretient avec l'héroïne, une variante du jeu du chat et de la souris. Il ne cesse de la provoquer, l'intriguer, la manipuler. J'aime aussi comment leur relation évolue tout au long de l'histoire, et les facettes de sa personnalité qu'il dévoile au fur et à mesure.
En revanche, pour le personnage de Nora, je suis un peu déçue. Pour une héroïne, je l'ai trouvé assez décevante. C'est une héroïne un peu irréaliste. Elle est décrite (dans le récit comme dans certaines chroniques) comme « intelligente et qui ne se laisse pas manipuler ». Mais dans ma lecture, j'ai trouvé que c'était tout l'inverse! La plupart des événements qui lui arrivent tout comme les choix qu'elle fait sont lié à sa meilleur amie ou son binôme. Elle ne semble pas avoir de jugeote, ni d'être affectée plus que ça par la mort très récente de son père (on en parle autant qu'elle le vit mal: extrêmement rarement.), elle se fait mener à la baguette par Patch... ça, rajouté au fait qu'elle est décrit comme une fille « banale », avec une vie « banale », qu'elle soit bonne élève... Elle est un peu ennuyante à certains moments, ce qui installe de petites longueurs au récit, étant donné qu'elle est également le narrateur. J'espère que dans la suite, elle s'affirmera davantage.
Enfin, Vee. Je ne la supporte pas. Vraiment pas du tout. Dès le début, elle m'a horripilée. Entre ses allusions au sexe, le jugement qu'elle porte sur chaque homme qu'elle croise, ses petits commentaires sur sa vie dont on se fiche complètement et qui n'ont ABSOLUMENT AUCUN INTERÊT, et le fait qu'elle soit plus un boulet préoccupée par ses désirs plus que par sa meilleure amie et ses ennuis... Vraiment, je ne vois pas ce qu'elle apporte à l'histoire, et encore moins à Nora.
Ceci dit, bon, d'accord. Il y a des moments où elle dit des choses drôles, elle pousse Nora à l'aventure, mais c'est fait de manière... maladroite, superficielle. C'est le genre de meilleure amie un lourde à la longue, mais qu'on aime bien quand même au fond, ou du moins dont on s'habitue à la présence.
Marcia Millar, le stéréotype même de la pom-pom girl méchante et stupide. Il n'y a tellement rien d'autre à dire pour la décrire que cette simple phrase..
Quant aux personnages de Jules et Elliot, je ne sais pas trop quoi en penser. de mon point de vue, ils ne sont dans l'histoire que pour les rôles auxquels on les a coltinés et puis voilà. Puis on devine un peu qui ils sont, ce qui gâche un tantinet l'histoire.
J'espère cependant que ces personnages évolueront (positivement, plus d'actions et moins de blablas pour les filles!).




Hush, Hush est, malgré quelques incohérences et quelques personnages peu travaillés, (et malgré aussi ma critique plus sévère que je ne l'aurais voulu), un roman « gentil ». La romance des protagonistes sauve quelque peu le reste. Cela se lit simplement et rapidement. Ce premier tome de la saga Les anges déchus se révèlent être un bon prologue, une mise en bouche qui donne envie de parcourir la suite des aventures de Nora. Entre attente et curiosité, on se plonge volontiers dans le tome 2. Nous verrons bien si cette saga a droit à sa chance.
Lien : http://arlenone-book.blogspo..
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