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Critique de Laudeaj


Thomas et Louise sont frère et soeur. Ils ont passé leur enfance dans un quartier populaire d'une ville du Doubs. Leur père est ouvrier/frontalier dans une usine suisse. Il a tout fait pour que ses enfants « creusent leur trou », qu'ils fassent mieux que lui, raison pour laquelle il les a poussés à faire des études.
Mehdi, leur ami de toujours, de son côté, a suivi les traces de son père et a été embauché dans cette usine suisse.
Thomas a échoué dans ses études d'histoire mais n'ose pas l'avouer à son père ; il va rejoindre Mehdi comme intérimaire pour l'été et va découvrir l'enfer de ces nuits passées à faire tourner ces machines exigeantes pour satisfaire les cadences.
Louise, étudiante en sociologie, va revenir à la maison pour rédiger sa thèse sur ces ouvriers qui traversent la frontière toutes les nuits pour aller travailler.
Mais l'usine doit fermer et leur univers va s'écrouler…

« C'est ainsi que l'usine s'apprend, comme une langue étrangère ».

« le daron retrouve son silence chéri dont Thomas craint soudain d'avoir hérité. Peut-être même est-il contagieux. C'est la maladie de l'usine. »

« (…) un monde qui a aboli le soleil par le sommeil. Un monde où n'existe que la succession infinie des nuits d'été ».

« (…) mais il (Mehdi) associe le dévissage de ces machines au désossage de sa propre famille. Ce sont ces machines qui ont bousillé son père, entraîné par effet domino le départ de sa mère avant de le lâcher là, lui, le fils, le produit de ces démolitions successives, sans possibilité immédiate de gagner de quoi vivre, avec pour seul horizon la fuite ».

« Il (Mehdi) ressent le vide. Les gens comme moi ne sont là que pour remplir brièvement des espaces vides, pense-t-il. C'est à ça que nous servons. Nous sommes des mottes de terre que l'on déplace dans des trous. Ces trous, nous sommes encore les seuls à pouvoir les remplir. Plus pour longtemps dit-on. Les trous, deviennent rares, se rétrécissent. le père disait, trouve autre chose que l'usine. le père disait, trouve quelques chose à faire, fais-toi ton trou. Tant qu'il y a des trous, il y aura des hommes pour s'y épuiser. Mais le creuser, son propre trou, c'est autres chose. »

C'est un très bon roman où l'auteur nous décrit avec justesse et sans concession cette vie de labeur, ces ouvriers qui « laissent leur santé » à l'usine dans ces industries pourtant vouées à disparaitre. Il nous embarque dans la vie de ces jeunes adultes sur qui pèse le poids de l'héritage lié à la situation sociale et qui rencontrent tant de difficultés pour s'en libérer.
Une fresque sociale du 21ème siècle qui m'a fait penser parfois à certains volumes des Rougon-Macquart…

Lu dans le cadre des 68 premières fois
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