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Critique de titodupret


A priori, on peut hésiter entre des cartes du ciel et des cartes souterraines. Ou bien ce sont des circuits pour apprendre l'électricité ? Des plans de connexions synaptiques dans la boîte crânienne ? Ou bien le labyrinthe à bords perdus de minces terriers ? C'est peut-être le réseau raisonné des racines des hêtres de la Forêt de Soignes ? de ces points et lignes ainsi fixés sur les pages fourmille une intense mobilité… Probablement celle de nos émotions, de nos obsessions enfouies dans la profondeur incartographiable de nos cerveaux.

« Elle n'ose pas sourire. »

A posteriori, les entrelacs tracés par Jeroen Hollander au crayon, à l'encre, au feutre, ont un sens familier. En fait, les numéros partout qui constellent ses dessins suivent les lignes qu'il croise et divise en tous sens. Tous ces schémas, il y en a huit dans le livre, comme autant de stations, semblent figurer des cartes de métros imaginaires. du moins, je n'y reconnais aucune ville et le plan aux deux tiers de l'opuscule paraît immense. Ce doit être une mégapole. Même le métro de Londres est plus lisible.

« Ses yeux se ferment à moitié, »

Entre ces neuf arrêts sur image quasi psychédéliques lorsqu'on les voit en couleur sur internet, Ludovic Flamant écrit vingt-trois arrêts sur personne ; portraits songeurs de passagers surgis. Lui est là comme le petit prince, sur pause et posé sur le bord de la planète cosmopolite bruxelloise. Qui sont tous ces gens ? Que font-ils là ? Se reconnaîtraient-ils dans ces petits poèmes qu'ils inspirent ? Que préfèreraient-ils ? Leur véritable histoire ou celle peinte parmi les lignes de Ludovic entre les traits de Jeroen ?

« Chacun pour soi. »

Ce sont des passagers décrits par des passeurs d'impressions. Tout est ici anonyme. On se croise sans se connaître et on ne se rencontre pas. C'est le métro. Un espace étroit au min' dans un temps réduit au max'. Ludovic Flamant entre dans le détail sous terre et Jeroen Hollander dessine au large dans le ciel. À nous lecteurs de plonger dans l'espace intermédiaire. À nous de faire cette vertigineuse chute qu'est la lecture, de l'oeil à la page.

« Elle voudrait tant aider,
aider le monde entier, »

En 1970, Roland Barthes se demandait dans son essai s/z : « Qui parle ? Plus l'origine de celui qui parle dans un texte est irrepérable, multiple, indéfinie, plus le texte est pluriel, moins il semble avoir de propriétaire, de guide, d'interprétation évidente et plus l'histoire nous invite à la faire vivre. le sens du travail de l'écriture est d'empêcher de jamais répondre à cette question : qui parle ? » Excellente question. Qui parle ici ? Ludovic Flamant et Jeroen Hollander ? Les passagers du métro ? le lecteur ? La réponse est sûrement

« sur le quai »
Lien : https://le-carnet-et-les-ins..
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