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Critique de panurge


VANNES-FOUGERES : MAI-JUILLET 1847

Gustave et Maxime prennent leurs cliques et leurs claques direction Vannes puis traversent à pied une Bretagne désormais disparue...

Le texte, écrits à 4 mains (un chapitre Flaubert, un chapitre du Camp), décrit un pays sauvage, entremêlant mer, ciel, terre en des éclats azuréens, vert canard, sombres noirs et jaunes pétants d'éclat.
Les Bretons, taciturnes, croyants jusqu'aux tréfonds de leur âme, durs comme leurs coques de bateaux calfatées au goudron pêchent, bêchent, cultivent, moissonnent, naissent, vivent et meurent dans un Monde coupé des agitations urbaines, sociales et politiques...

Monde donc, clos, très poétiquement décrit (Qui connaît la Bretagne retrouvera ses petits notamment en terme de beauté des pays) littéralement semé d'églises (cela épuise l'appétit flaubertien pour les antiquités et les anciennetés ce qui nous vaut de lire qu'un gisant d'évêque lui rappelait "le galbe d'une andouille à travers un torchon mouillé"), parfois traversé de citadins et bourgeois honnis immédiatement et méchamment dézingués.
On y retrouve un spectacle féroce de combats d'animaux, un abattoir saignant, sanglant, atroce (façon quartier de viande peint par Soutine) qui suggère au père de salammbô une vision de festin anthropophage et une virée lubrique dans le quartier chaud de Brest. On finît abyssalement mélancolique à St Malo et à Combourg patrie De Chateaubriand.

Et puis sous les pavés...la Plage...
Par éclairs, comme ça, on lit " L'église, où brillait une étoile au fond, ouvrait sa grande ombre noire que refoulait du dehors le jour vert des crépuscules pluvieux" ou "Elles* écumaient dans les roches, à fleur d'eau, dans les creux, sautaient comme des écharpes qui s'envolent, retombaient en cascades et en perles, et dans un long balancement ramenaient à elles leur grande nappe verte".
Formidable pouvoir évocateur (je revois cela comme je le voyais de mes yeux dans un repli de falaise lors d'un voyage à Perros-Guirrec), construction des phrases, choix des mots...Flaubert perce sous Gustave** comme Napoléon perçait sous Bonaparte***.

"Qui va lentement va sûrement"...Prenez votre temps et voyagez en Bretagne ...Assurément un beau périple.

* Les vagues
** Quand au pauvre Maxime, à l'écriture plate, fade, pesamment érudite, je l'ai laissé de côté. Ses photographies valent beaucoup mieux que ses écrits.
*** "Ce siècle avait deux ans" (V. Hugo)
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