AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Eve-Yeshe


Flaubert nous propose ici trois contes, situés dans des périodes différentes de l'Histoire.

J'ai bien aimé la première nouvelle : « Un coeur simple », nous raconte la vie de Félicité, une femme pauvre et sans instruction, dont l'enfance a été difficile. Embauchée par Mme Aubain, elle va s'occuper de la maison et des enfants de celle-ci, Paul et Virginie.

C'est une belle histoire d'altruisme, car elle s'attache aux enfants, elle apprend au contact de Virginie, et étudie le catéchisme avec elle. Mais, ils vont s'éloigner pour les études. Elle compense alors en protégeant son neveu, Victor, qui finit par partir aussi. Il s'agit d'une femme simple de par ses origines sociales mais dont le coeur, la générosité l'empathie sont immenses. Elle s'attache aussi au perroquet Loulou qu'elle finira par faire empailler et qui sera investi de façon quasi religieuse.

« La Légende de Saint Julien l'Hospitalier », qui s'inspire d'un vitrail de la cathédrale de Rouen qui retrace la légende du Moyen-âge de saint Julien, ne m'a guère plu, mais je l'ai quand même terminée. Déjà, je déteste l'univers de la chasse, donc cet enfant promis à un grand destin qu'on élève dans le luxe, l'initiant à la vénerie et qui se met à massacrer tous les animaux, oiseaux qui lui tombent sous la main, ou plutôt le fusil, l'arbalète etc. cela m'a révulsée.

C'est massacre à la tronçonneuse au Moyen-âge. Et cet homme qui tue tout ce qui bouge, même ses proches et tente de se racheter en fuyant le monde, passant du luxe à la pauvreté et finissant sanctifié !!!

« Hérodias » m'a plu davantage : Flaubert remonte encore plus loin dans le passé et nous raconte un épisode de la vie du tétrarque Hérode Antipas, et aborde ici plusieurs thèmes : la haine des Juifs d'Hérodote Antipas, l'inceste car il a épousé sa nièce Hérodias, la détention arbitraire de Iaokannan, que l'on connaît mieux sous le nom de Jean le Baptiste, car celui-ci veut qu'il se sépare d'elle.

Antipas est confronté à un dilemme : soit il écoute sa femme et fait exécuter Iaokannan au risque d'être châtié par Dieu, soit il le laisse libre en échange de la soumission des Esséniens, réflexion interrompue par l'arrivée de Vitellius, chef des Romains, qui profite du banquet d'anniversaire d'Antipas, pour visiter la citadelle.

Une réflexion aussi sur l'hypocrisie dans le mariage, la recherche de l'intérêt personnel, l'avidité pour le trésor présumé d'Hérode Antipas, la venue de Jésus, la religion, sans oublier la danse de Salomé, fille d'Hérodias…

Passons au style de Flaubert : l'écriture est belle, les mots sont précis, tantôt ils ont la puissance de la houle, de l'océan déchaîné, tantôt, ils s'enroulent en douceur, comme l'eau qui vient lécher les galets. Il y a une musique Flaubert, mais parfois, à force de chercher le terme exact, et le rythme adéquat, cette écriture est tellement peaufinée, (certainement travaillée et retravaillée dans son « Gueuloir ») qu'elle en devient parfois trop précieuse, manquant de cette spontanéité que j'aime tant chez son élève préféré, Maupassant.

Pour moi, ces trois contes sont faits pour être lus à haute voix, pour en apprécier davantage la puissance.

Cette critique m'a donné beaucoup de mal: d'une part, c'est la première fois que je parle d'un livre de cet auteur, donc l'impression de commettre un crime de lèse-majesté, et surtout, les trois thèmes sont très différents, donc la synthèse difficile . J'espère que les puristes me pardonneront…

challenge 19e siècle.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          387



Ont apprécié cette critique (33)voir plus




{* *}