Grand-Monde est un livre dirigé entièrement
vers les arbres.
Pourquoi prendre plume pour parler d'eux ?
Parce qu'ils mettent en terre un rapport,
à la fois premier, fondamental, primordial
et cependant frêle, vulnérable, labile à la
nature.
Ils fournissent dans un silence dendrologique
la latitude et la longitude de notre nature hu-
maine.
Ils dessinent dans leur verticalité persistante
à la lisière de l'humaine condition, les immuables
supposées certitudes végétales.
Les arbres ont d'ailleurs pour nom les « Ils »
dans la première entrée, « Les Longtemps ».
" Ils n'ont pas bougé
" ils persistent
" Ils sont là
" Ils n'ont rien
" Ils n'imaginent pas
" Ils vont s'éteindre …avec la nuit peut/être
" Ils ne répondent pas
" Ils sont trop loin
Dans la partie « Ils nous font »
ces mêmes arbres sont
"geste du silence ".
Enfin dans l'avant dernière entrée
« Fûts »,
" la pluie perce l'alphabet
fluctuant des feuilles
" un arbre ne rentre pas
dans un vase tient dans
la main.
À noter encore, l'agencement très particulier
de l'écrit sur l'espace de la page blanche, qui
convient particulièrement à cette poésie des
" Ils ".