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Critique de Ziliz


Histoires croisées :
• celle d'Emile, père de famille né en Allemagne à la fin du XIXe siècle par le caprice des mouvements de frontière, mais résolument français et soucieux de défendre 'son' pays lorsque la guerre éclate en 1914 ;
• celle d'un obus, fabriqué pour tuer des soldats, fort justement considérés comme 'chair à canon', tant leurs vies sont interchangeables, juste utiles à gagner quelques mètres sur le territoire ennemi.
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Je ne suis pas friande des ouvrages sur la première Guerre mondiale. J'ai lâchement l'impression d'avoir eu ma dose avec quelques films et documentaires et des dizaines de romans abordant le sujet sous des angles variés (combats, tranchées & boucherie, animaux réquisitionnés, civils à l'arrière, 'après' difficile pour les gueules cassées, les traumatisés ayant perdu la raison, les familles endeuillées, les femmes renvoyées chez elles pour laisser leur place à l'usine aux anciens combattants...).
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Mais ce texte est original. Publié par les éditions 'Cours Toujours' dans la collection 'La vie rêvée des choses', il donne la parole à un objet - un obus :
« Ce sont 1,6 million de mes congénères qu'on a jetés sur les lignes allemandes durant ces sept jours de bombardements [la bataille de la Somme]. (...) Bientôt ce sera mon tour, je serai amené à la pièce qui convient à mon calibre, et j'irai semer moi aussi mort et destruction sur une ligne allemande. »
Zélé, il a hâte d'accomplir cette mission, d'être à son tour l'auteur d'un flamboyant carnage, mais le 'destin' (ou une anomalie de fabrication) en décide autrement, et tout change aussi alors pour Emile...
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Court et percutant, ce roman aborde également de manière subtile le thème de la Mémoire (au sens 'historique'), collective et familiale, ainsi que la délicate question des non-dits sur nos aïeuls anciens combattants, généralement présentés comme des héros ou des 'administratifs' qui ont gardé les mains propres.
J'ai aimé le personnage du fils, qui rééquilibre le 'bilan' familial par ses activités qui sauvent des vies, indirectement - de même qu'un obus tue aveuglément, au hasard.
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