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Critique de JBLM


On ne présente plus cette oeuvre absolument emblématique de notre littérature, qui a su renouveler encore et encore son intérêt à travers les âges et les générations. de l'écolier qui apprend à apprendre en devant réciter par coeur telle fable, à l'adulte qui relit ladite fable avec un regard chaque fois renouvelé à l'aune de son expérience de la vie, les Fables appartiennent à ce cénacle extrêmement fermé des oeuvres qui ne sont jamais trop puériles ou trop compliquées pour qui que ce soit, et jamais obsolètes quelle que soit l'époque.

On connaît le principe repris de procédés littéraires hérités de la Grèce antique, notamment ceux d'Esope, même si les sources d'inspirations tendent, au fil des livres, à se romaniser ou à s'orientaliser : une morale, explicite ou implicite, est illustrée par une saynète ou une interaction entre des personnages-types, généralement des animaux mais aussi des plantes ou des hommes, qui incarnent des biais humains. C'est l'exemple qui met en évidence la validité de la leçon éthique ou philosophique, retient l'attention de son destinataire et marque sa mémoire. Pour autant, il n'est pas possible de ranger ces morales au sein d'une école particulière puisque les morales se contredisent ou se tempèrent les unes les autres. le message global serait donc celui de la prudence en toutes choses.

Ce qui est particulièrement amusant, c'est de voir les animaux, qui assument leur rôle en tant que tel, c'est-à-dire se dévorer, se poursuivre, se soumettre au joug de l'homme, tout en reprenant les codes de politesse et de comportement humains. La loi naturelle est suivie, mais elle n'est pas complètement le fruit de l'instinct : les animaux se sentent obligés de la justifier ou d'y parvenir par un raisonnement ou par le respect d'un principe, lesquels abondent systématiquement en tournures élégantes qui répercutent dans les rapports entre bêtes les marques de civilité en vigueur dans la haute société française. Et il est assez troublant, quoique divertissant, de remarquer que les procédés rhétoriques les plus habiles et les valeurs les plus nobles peuvent être mises au service de l'instinct le plus primitif.

Les premiers livres sont sans doute les plus passionnants, les six derniers proposant par moments des morales moins évidentes, des adresses particulièrement longues et théoriques, et moins de personnages à poils, à écailles ou à plumes. Si les premières ont la plupart du temps une issue plutôt comique, la dimension personnelle qui grandit dans les dernières, avec la présence croissante d'un « je » vieillissant mélancolique, fait évoluer le ton général vers le lyrique, voire le tragique. On prend par instants un peu de recul sur la langue en réalisant d'où sort telle expression passée dans le langage courant. En tout cas, j'ai retrouvé l'envie d'apprendre quelques fables autres que celles consacrées par l'école, et qui sont pourtant tout aussi excellentes.
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