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Critique de Escartefigues


Ce premier roman de Florian Forestier, philosophe de formation, brille par son originalité, son humour et son aspect visionnaire. C'est l'histoire de la collusion entre deux milieux sociaux qui a priori n'ont pas grand-chose à voir : celui de la haute administration publique et celui de la collapsologie (les théories de l'effondrement). Cette rencontre se fait à travers les cheminements respectifs des deux personnages principaux : Daniel, un haut fonctionnaire stupéfait par le fonctionnement formaliste et ridicule de son administration, pratiquant l'alpinisme, tombant au fond d'une crevasse - cette chute est le prétexte à des réminiscences éparses - et Stanislas, un brillant mathématicien progressivement séduit par la préparation pratique face à l'avènement imminent et inéluctable de cet effondrement généralisé (épuisement des ressources énergétiques, réchauffement climatique, fonte des glaces, fortes pollutions, migrations forcées etc.) Ces deux personnages en déroute morale croisent de nombreuses figures qui gravitent autour de leurs environnements respectifs : un stalinien malade du covid, des complotistes exaltés, des néo-ruraux, un ministre, un conseiller saugrenu du Président de la République, le Président lui-même... Cet ensemble désespéré et chatoyant dans son délire arrive à tenir les deux bouts de la tragi-comédie contemporaine que nous vivons tous : entre la peur de la fin du monde, et beaucoup plus prosaïquement de sa propre finitude, et l'incapacité à renoncer à ses petites manies, ses petites névroses, ses petites démangeaisons qui laissent à l'humanité sa part naturelle, c'est-à-dire l'inconséquence de sa conscience de la mort. Les descriptions sensorielles sont très singulières – on retrouve ici le goût de l'auteur pour la phénoménologie – et on rit beaucoup ! Un premier roman à découvrir, c'est une belle réussite !
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