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Critique de Fleitour


Quand elle met cap au sud, Zoé Obolenskaïa, n'imaginait pas encore, vivre la plus romanesque aventure qu'une jeune princesse russe puisse connaître avec ses cinq enfants. Zoé ne pouvait imaginer qu'elle serait dans les années à venir, l'héroïne de plusieurs romans, que sa destinée allait toucher le coeur de Tolstoï, qu'Henri James en ferais son héroïne dans La princesse Casamassima.


Mais ce qui marquera cette farouche princesse qui part pour se reposer quelques semaines loin de la cour du Tsar, de plus en plus pesante, c'est la rencontre d'un russe Mikhaïl Bakounine, qui deviendra l'un des fondateurs du mouvement anarchiste libertaire.

Protectrice de Bakounine, elle fût son inspiratrice de Russie.

Bakounine écrira notamment Dieu et l'Etat.
Mikhaïl Bakounine est le fils de Varvara Mouraviev et du poète, diplomate et maréchal, Alexandre Bakounine, venant d'une famille de l'ancienne noblesse russe originaire de Transylvanie.

Au moment de son départ aucun signe ne pouvait annoncer sa rupture définitive avec son mari le prince Alexeï Obolenski, Ils se saluèrent avec l'habituelle froideur cérémonieuse entre époux de haut lignage, écrit Lorenza Foschini page 35.

Le retour au bercail des enfants de Zoé, enlevés à leur mère par leur père sera le plus douloureux événement de sa vie, un prix exorbitant au regard de sa conception de la liberté. le prince Alexeï Obolenski est sommé par le Tsar de cesser tous ses les liens avec la princesse, l'enlèvement est brutal, sauvage même sous la discrète complicité des autorités helvétiques, ironie de l'histoire la famille Obolenski finira comme les Romanov assassinée.


L'originalité de ce récit, sommairement appelé la Princesse de Bakounine, est d'avoir invité le lecteur à devenir lui-même enquêteur. En effet la romancière Lorenza Foschini, nous fait participer pas à pas, à toutes ses recherches, à ses découvertes, à ses déconvenues, et peut-être même à l'enthousiasme qu'il a ressenti en mettant à jour certaines zones d'ombre de la vie de la princesse Zoé.


Dire qu'elle se désintéresse de la pensée et des idées de Bakounine, serait un peu excessif, elle a su nous montrer, l'enthousiasme de la première rencontre entre Karl Marx et Michael Bakounine, mais aussi, elle a su traduire l'antagonisme fondamental qu'il y a entre ces deux personnalités, car à travers leurs désirs de révolution, ce sont deux vision de l'homme qu'ils vont traduire dans leurs livres.

La rupture d'ailleurs sera complète quand, dans l'enceinte du congrès de l'internationale socialiste, cette motion dictée par Karl Marx sera approuvée ;  "le prolétariat ne peut agir qu'en se constituant lui-même en parti politique distinct, opposé à tous les anciens partis formés par les classes possédantes".
Plus schématiquement c'est la branche « libertaire » et la branche « autoritaire » du socialisme qui s'affrontent. Zoé est dans le droit fil de cette conception libertaire, elle qui aura bientôt un amant.

Si nous allons glaner quelques citations connues de Bakounine, nous trouvons par exemple
"L'uniformité c'est la mort, la diversité c'est la vie".
Ou "l'imagination est une grande puissance dont généralement ne tient pas assez compte dans la société".
"Le but final de l'éducation est de former des hommes libres et plein de respect et d'amour pour la liberté d'autrui".

Ce livre est un excellent moyen d'aller à la rencontre des idées qui agitèrent la fin du XIX ème siècle, c'est aussi pour la romancière Lorenza Foschini, l'occasion de présenter des lieux pour lesquelles elle ressent beaucoup d'émotion. C'est notamment toutes les descriptions qu'elle fait de l'île d'Ischia en face de Naples, des lieux qui ont permis d'une certaine façon, de pousser Bakounine vers un courant de pensée proche de la nature, et fortement imprégné de liberté.
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