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Critique de MisssLaure


Une lecture exigeante, envoûtante et hypnotique qui mérite de prendre son temps et son souffle. Elle en vaut sacrément la peine !

Quand on commence, inutile d'attendre le point pour respirer. Jon Fosse n'utilisera que des points d'exclamation ou d'interrogation, dans une longue phrase ininterrompue, un discours intérieur mêlant passé et présent, pensées et souvenirs. Heureusement, le lecteur peut s'appuyer sur des virgules. Ces virgules donnent un rythme, un rythme lancinant, répétitif, qui nous fait plonger dans une musicalité introspective, dans les affres de l'intériorité, des regrets et du temps révolu, entre oubli et réminiscences, rêves et mémoire, fantasme et réalité.

L'histoire, simple, se déroule sur deux jours : Asle, un peintre solitaire, rentre chez lui à Dylgia (Norvège) en voiture. Il se demande s'il doit s'arrêter chez son ami Asle (oui, le prénom est le même), peintre également, solitaire aussi. S'agit-il de deux personnages différents ? S'agit-il des deux facettes du même homme, s'agit-il de l'Asle du présent et de l'Asle du passé ? Ou bien de l'Asle réel et d'un Asle imaginé ? Chacun comprendra le texte comme il le voudra.

On aura d'un côté l'Asle alcoolique, qui boit seul ou à l'Auberge le Dernier Bateau, qui n'a pas la foi mais un chien, et celui qui ne boit plus, qui a été amoureux d'Ales (il ne s'agit pas d'une erreur, la femme aimée par Asle s'appelle Ales) et qui a la foi. On glisse sans arrêt d'une situation à l'autre, d'un double à l'autre, jusqu'à se perdre parfois (attention, il faut mieux être bien concentré pendant la lecture de ce livre). La foi est un axe fort de ce roman, tout comme les questions autour de la création. le narrateur semble vouloir nous montrer qu'un homme peut prendre un chemin ou un autre, qu'il peut surmonter les traumatismes ou s'enfoncer dans la déchéance. Mais dans un cas comme dans l'autre, l'homme est-il maître de sa destinée ? Et quelle autre solution que l'amour (d'une femme, de Dieu, de l'art …) pour parvenir à vivre ?

Après avoir déjà été frappée en plein coeur par le théâtre de Jon Fosse, j'ai adoré me perdre dans la transe dramatique et les circonvolutions Fossiennes de la septologie I et II. J'ai hâte de poursuivre cette expérience et de retrouver ce monde sombre et mélancolique, où la spiritualité et l'amour semble l'unique moyen de sauver l'homme de sa condition désespérée.

A découvrir ABSOLUMENT !

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