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Critique de AmandineMM


2, 5 étoiles [tendant vers le 3 pour le remarquable travail critique d'Isabelle Foucher]

La correspondance présentée est partielle et sans doute désordonnée : seules s'y trouvent les lettres de R., la jeune fille, à son cousin Canut. L'absence de date empêche une classification chronologique, et Isabelle Foucher a choisi de les présenter dans l'ordre où elle les a trouvées, sans chercher à créer un ordre forcément subjectif pour reconstituer le récit de cet amour. C'est de ce sentiment et de ses aléas qu'il est question tout au long de ces missives : la passion de ces deux amants est gardée secrète, par crainte d'un refus familial, et mise à mal par l'alcoolisme de Canut. Comme l'indique Isabelle Foucher, ce secret était autant une source de peur que de plaisir : le mystère et les échanges de regards ont eux aussi leurs charmes… Les mots ne peuvent quant à eux que s'exprimer à l'écrit, dans ces lettres tour à tour enflammées, froides ou inquiètes.

Je ne sais pas très bien ce que j'attendais de cette correspondance, mais j'ai malheureusement été assez déçue, au moins au début : j'ai mis du temps à m'accoutumer à ce style de l'urgence, passant d'un sujet à l'autre sans transition parfois, régulièrement coupé par l'arrivée d'un étranger, et à cette écriture assez éloignée de celle si soignée des romans. de plus, comme souvent dans ce type de littérature, les lettres sont peu contextualisées, ce qui en rend la lecture parfois fastidieuse aux lecteurs-voyeurs, à qui elle n'est pas destinée. Petit à petit, j'ai tout de même repéré quelques traits propres à la pensée du 18e siècle et ai été de plus en plus touchée par l'histoire de ces deux amants. La force de caractère de R., la rédactrice, transparaît dans son écriture et son expression, ainsi que sa soif de liberté. Elle n'a rien d'une amoureuse naïve, même lorsqu'elle se laisse emporter par sa passion.

Davantage que les lettres elles-mêmes, le travail critique d'Isabelle Foucher et la lecture d'Arlette Farge dans la préface m'ont beaucoup intéressée. La première n'évoque dans son « prologue » tout d'abord que l'édition de la correspondance, la façon dont elle l'a trouvée dans les archives du Châtelet et le travail qu'elle a accompli pour la livrer ainsi au public. Elle laisse ensuite la parole à R., avant de la reprendre pour répondre de son mieux aux interrogations du lecteur : elle fait alors part de ses recherches sur l'identité des amants, leur vie et l'histoire de cet amour d'après les indices laissés par la correspondance. C'est à ce moment-là que le manque de contextualisation que j'avais souvent ressenti a été comblé : pour cette raison, je pense que j'aurais préféré connaître ces détails avant de lire les lettres plutôt qu'après.
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