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Critique de HundredDreams


Au moment de rédiger ce billet, je suis bien embêtée, et franchement, je me sens un peu perdue. Je me faisais une telle joie de lire un roman historique sur une période qui m'a toujours fascinée : la découverte de l'Amérique. Mais, je suis déçue de ma lecture, je n'ai pas trouvé ce que j'attendais.

Lorsqu'un livre ne me plaît pas, je le referme et je passe à un autre. Je ne fais pas de critiques, trouvant malhonnête de critiquer un livre abandonné. J'ai reçu ce roman par le biais d'une masse critique privilégiée, et dans ce cadre-là, on se doit de rédiger un avis. J'ai donc lu le roman en entier pour en faire une critique sincère et argumentée.

Je regrette d'avoir demandé à le lire, et j'espère que l'auteur ne sera pas blessé de ma franchise. Chaque livre a son public et je ne faisais vraisemblablement pas partie des lecteurs visés.
Je remercie très sincèrement Babelio et les éditions Flammarion pour l'envoi de ce roman.

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Tout d'abord, j'ai réellement aimé le postulat de départ, à savoir que L Histoire est partiale et que la vérité a été limée de toutes aspérités pour auréoler les vainqueurs.
Alors, lire le récit de la conquête de l'Amérique en balayant toutes les idées reçues, remettre en question tout ce que l'on a appris dans les livres d'histoire, réfléchir sur les concepts de vérité et de manipulation, m'enchantait.

« Jamais encore les conquérants ne se sont souillés avec la gloire. »
Joseph Conrad

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Le personnage principal de ce roman est le conquistador espagnol Hernando de Soto que Franzobel nomme ici Ferdinand Desoto.

« Conquérir ce pays est ma destinée. Qui s'oppose au cours naturel des choses sera réduit à néant. L'Histoire le veut ainsi. »

Cet « illustre » personnage, après avoir accompagné Pizarro au Pérou, décide de financer en 1538, une grande expédition en Indes occidentales, pour devenir gouverneur de la Floride. Les héros de cette aventure sont des conquérants, des escrocs, des charlatans, des criminels, des missionnaires, des dames, que du beau monde !

« La morale est notre bien suprême. »

Ce sombre personnage mènera une campagne désastreuse.
Lui et ses hommes parcourront des distances prodigieuses, découvriront des contrées jusque-là inexplorées, rencontreront les premiers, les populations indiennes. Mais ils pilleront les villages, tortureront les indigènes pour leur soutirer leurs richesses, violeront les femmes, et sèmeront la mort et la désolation sur leur passage.

« Ils n'avaient aucune chance avec leurs armes ridicules. le village fut pillé, les femmes violées. le programme habituel. »

Parallèlement à l'expédition, près de 500 ans après ces évènements, un cabinet d'avocats New-Yorkais porte plainte contre les Etats-Unis au nom de tous les peuples amérindiens pour réclamer la restitution de l'ensemble des terres volées.
L'idée de créer un pont entre les évènements du passé et ceux présents capte l'attention autour de cette question de la propriété. Mais l'auteur ne va pas au bout. Ces scènes trop courtes s'intercalent dans le récit, ne laissant qu'une impression diffuse qui se dilue dans le récit.

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C'est dans un style humoristique que nous accompagnons ces personnages particulièrement loufoques, à la découverte de l'Amérique.

« Les Apalachees n'aimaient pas les étrangers qui puaient, n'avaient aucune culture et couraient après les fentes de leurs femmes. Ils ne voulaient pas de fainéants, de parasites qui n'étaient pas d'ici et vivaient aux dépens de la communauté. Ils ne voulaient pas d'une religion qui chantait les hymnes à un crucifié. »

Les premières pages m'ont plu, mais très vite, l'originalité du livre a fait place à un sensation de fatigue et de malaise devant tant de lourdeur.
Le ton se veut amusant, ironique, sarcastique, dénonciateur, mais cet humour manque de finesse et ne m'a pas du tout amusé. J'irai jusqu'à dire qu'en poussant trop loin cette idée de dérision, l'auteur dessert l'intrigue et l'histoire. Je me suis, peu à peu, détachée du récit jusqu'à attendre avec impatience la dernière page.

Des comparaisons persistantes avec l'époque actuelle, des références à des célébrités (Paul Newman, Robert Redford, Brad Pitt, …) m'ont ennuyée, n'apportant rien à l'histoire. Certains personnages sont tellement caricaturaux que cela a troublé ma lecture.

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On voit que l'auteur a fait de nombreuses recherches pour écrire un livre étayé de plus de 500 pages, mais malheureusement, je me suis perdue dans la construction d'un récit enchâssé qui fait des bonds incessants dans le temps et dans l'espace, passant d'un personnage à un autre. Il m'a fallu du temps pour m'habituer à ce rythme.
Pourtant, on apprend beaucoup sur la colonisation, la soumission des populations indiennes, les massacres perpétrés, l'esclavage des Amérindiens.
Le récit est brutal, direct, ce qui permet de plonger le lecteur dans l'esprit et la réalité de l'époque.

Néanmoins, le rocambolesque, l'absurdité, l'ironie, le sarcasme, ne m'ont pas plu pour en parler. Je comprends l'envie de Franzobel de nous pousser à une réflexion morale par cette forme de provocation, mais je n'y ai pas adhéré.

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Je pense très sincèrement qu'avec un récit moins alambiqué, plus court, et moins tourné vers la caricature et le ridicule, il aurait gagné en profondeur.
Ce n'est bien sûr qu'un avis très personnel et je vous engage à vous faire votre propre avis en découvrant la plume atypique de Franzobel, un des auteurs les plus populaires et controversés d'Autriche.
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