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Critique de berni_29


J'ai tardé à lire le dernier roman de René Frégni, Dernier arrêt avant l'automne. J'ai attendu justement l'automne pour m'y plonger, cette saison qui m'est chère. À quoi justement reconnait-on l'automne ? Sans doute à cette lumière qui embrase le ciel du soir, aux feuilles qui deviennent rouges dans ce magnifique prélude avant qu'elles ne tombent, à l'odeur des pommes que l'on vient de ramasser dans le jardin et qui traîne encore un peu dans le panier, à cette mélancolie qui nous étreint un peu plus fort que d'habitude.
À quoi reconnaît-on une phrase de René Frégni ? Peut-être aussi à ces instants fugaces que la nature sait offrir à celui qui est disponible, à cette voix de l'enfance qui chemine entre les pages, à la rondeur d'une courbe féminine, esquissée entre deux désirs, à des gestes fraternels qui rassurent, à cette poésie du quotidien toujours plus belle pour dire tous les interstices de lumière qu'un cœur éperdu cherche parmi la noirceur qui nous entoure.
J'ai aimé retrouver cette ambiance dans ce dernier roman d'un auteur que j'aime par-dessus tout.
Ici comme dans beaucoup de romans de René Frégni, nous faisons connaissance avec un narrateur qui ressemble de très près à son auteur. Celui-ci vit de petits boulots, lui permettant d'accomplir sa passion qui est d'écrire. Un jour, son ami Pascal, qui est libraire dans un village de Provence, lui permet de décrocher un emploi de gardien à plein temps dans un ancien monastère désormais abandonné, niché dans les collines. Le narrateur trouve ici l'occasion de gagner un peu d'argent mais aussi se plonger dans un lieu solitaire, chargé d'histoires, livré aux ronces, aux vieilles pierres et aux herbes sauvages, capable de relancer son inspiration...
Mais cette quiétude va vite être dérangée par une découverte saugrenue. Je ne vous en dis pas plus...
J'ai retrouvé le ciel de Provence qui compose souvent le paysage charnel des romans de René Frégni, celui qui embrase le désir et nous réconcilie avec le monde, pose un peu de lumière sur nos blessures. Ici, quelques phrases suffisent à faire revenir la voix lointaine de sa mère, et des nôtres aussi. Cela fait du bien. Dès lors, le chemin qui revient à l'enfance n'est jamais très loin.
Lire René Frégni, c'est entrer pieds nus dans des prés brûlés de chaleur. C'est entendre et faire entrer enfin le silence en nous, c'est-à-dire lorsque le bruit assourdissant et dérisoire qui entoure nos vies devient insupportable. C'est laisser cheminer sur la phrase qui se déplie l'invitation au désir, à ce pas de côté salvateur, la faille où le bonheur peut enfin s'engouffrer. Chez René Frégni, il y a toujours un chat qui ronronne et s'endort près de nous, avec ses yeux ronds et bleus, à la fois inquiet et confiant, comme à l'instant où je vous écris.
Voilà, vous l'aurez compris, j'ai beaucoup aimé ce dernier roman de René Frégni, dont l'intrigue finalement est prétexte à visiter les thèmes qui lui sont les plus chers, à visiter la vie, nos vies, ce qui se faufile dans nos interstices, là où nous laissons pénétrer un peu de lumière vers nous, vers les autres aussi, celles et ceux que nous aimons.
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