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Citations sur Dernier arrêt avant l'automne (163)

Aucun voisin... J'ai rapproché la voiture, je l'ai enroulé dans une toile cirée et je l'ai chargé dans le coffre... J'ai trouvé que pour un intellectuel, il était très lourd. C'est drôle ce qu'on peut penser dans ces moments là...
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Je suis le seul maître des heures, des jours, des saisons. J'ai passé ma vie à chercher un mot, à tâtonner vers le suivant dans une gare, un port où au milieu de la nuit.. Les chemins où je marche ne mènent qu'à des songes.
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J'écris le mot tilleul et je suis tout de suite sous un tilleul, le mot lessive et je revois ma mère étendre des draps dans la lumière du jardin et la joie de sa jeunesse. Rien n'est plus magique que l'écriture, elle va chercher des débris de vie dans des replis secrets de nous-mêmes qui n'existaient pas cinq minutes plus tôt. On croit avoir tout oublié, on allume une lampe, lampe, on se penche sur un cahier et la vie entière traverse votre ventre, coule de votre bras, de votre poignet dans ce petit rond de lumière, un soir d'automne, dans n'importe quel coin perdu de l'univers.
[ ... ]
"À vingt ans on veut être célèbre, à mon âge on est émerveillé de tout. "
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Le monastère est pourpre. L’automne a lancé sur le cloître et la maison de l’évêque ses longues draperies de vigne vierge, elles mordent les génoises et retombent en pluie de sang devant les sept fenêtres de chaque étage. Seule la chapelle reste blonde et fière au pied de la colline.
Durant tout l’été, j’ai fait craquer des milliers de limaçons blancs sous mes semelles en traversant les prés brûlés de chaleur. Depuis quelques jours, je fais craquer des tapis de glands en passant sous les grands chênes qui entourent le monastère. J’aime que quelque chose craque sous mes pieds, ça donne de la densité à mes pas. J’entends claquer les glands sur la terre assoiffée. On n’est jamais seul en automne par ici, il y a toujours quelque chose qui craque, tombe, roule, éclate.J’imagine les moines qui ont dû tourner pendant des années autour de ces murs et sous ces arbres centenaires. Que pensaient-ils ? Pourquoi avaient-ils choisi ce vallon perdu ? Presque tous les monastères se dressent face à des panoramas admirables, celui-ci est caché dans le repli de collines désertes, pleines de couleuvres, de sangliers, de renards qui se glissent sous d’impénétrables ginestes, à l’écart des routes.
Monastère de Ségriès, qui veut dire sacré ou secret… Je suis le seul habitant de ces bâtiments étranges, longtemps abandonnés, j’en suis le gardien jardinier.

Incipit du roman
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"Le monde entier vient creuser cette terre… Les sangliers, moi, les gendarmes, sans doute l’assassin… Ça me fait penser à un poème de Jacques Prévert qui m’avait fait rire dans ma jeunesse, brusquement il me revient.
— Un poème ?…
— “Je creuse, tu creuses, il creuse, nous creusons, vous creusez, ils creusent. Ce n’est pas un très beau poème, mais c’est très profond.” »
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Un roman, on ne sait jamais d’où ça sort, il suffit d’une émotion, du bruit d’un mot, la lumière d’une vallée entrevue de la fenêtre d’un train.
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« - Vous avez notre numéro, s'il y a quoi que ce soit d'anormal, appelez.
- Tout est anormal! Vous avez des nouvelles de mon patron?
- S'il ne vient pas, nous avons les moyens de l'y contraindre.
- Je finis par me demander s'il existe vraiment... Elles portent bien leur nom, ces îles Caïmans. Ils naviguent tous entre deux eaux, avec des mâchoires plus longues que mon bras ! Vous allez voir débarquer un bataillon d'avocats et trois semi-remorques de dossiers. C'est le procureur qui va se mettre au garde-à-vous ! Quand le caïman montrera ses dents, tout le monde le trouvera très innocent.
- Vous avez une drôle de manière de parler de votre employeur...
- Oh, vous savez, il me faut cinq minutes pour remplir mon sac. Des patrons j'en ai eu, je l'ai refait souvent, mon sac... Ma maison, c'est mon cahier. Ma famille, les mots que m'a laissés ma mère. Quelqu'un a dit: "Je suis partout chez moi, comme les rois et les voleurs." J'ouvre mon cahier, je suis roi et je suis voleur!
- Qui a dit ça ?
- Quelqu'un qui avait un cahier. »
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Tout était blanc. Il avait dû neiger toute la nuit. La vigne vierge formait autour de ma fenêtre une étincelante broderie de diamants.
[...]
Cette neige avait effacé le monde et tout ce qu’il contenait de cruauté, d’égoïsme, de mensonges. On pouvait tout imaginer soudain. Partir devant soi, sans but, traverser des plateaux, des champs immobiles, des vallées de silence, et réécrire en avançant toute l’histoire du monde. Tout réinventer, dans cette pureté vertigineuse.
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Rien n'est plus magique que l'écriture, elle va chercher des débris de vie dans des replis secrets de nous-mêmes qui n'existaient pas cinq minutes plus tôt.
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Il y a un si vaste silence dans ce petit vallon qu'à chaque ligne je retrouve toute ma vie, mes parents sont là soudain, le jardin de mon enfance, les soirs d'hiver dans notre cuisine, l'odeur des feux de broussailles dans cette banlieue de Marseille encore maraîchère, les parties de ballon dans l'impasse à la sortie de l'école, jusqu'à la nuit, l'arrivée des grosses chaleurs et la fermeture des classes, ce calvaire qui empoisonnait toute mon enfance.
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