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Critique de Annette55


«  Ma foi, puisque j'étais nourri , logé, protégé , pourquoi ne pas tirer là un bout d'hiver? Pour une fois que les gens ne me couraient pas après .
Tant que je les ferai rire, ils ne penseraient pas à m'égorger. »

«  Là, le soleil ne jetait jamais un coup d'oeil .Et les fûts de glace là-haut suspendus , trempant leurs pointes tranchantes dans l'encre de la nuit , semblaient au bord du ciel d'immenses orgues bleus.. »
Voici deux extraits significatifs de cet ouvrage remarquable lu d'une traite qui allient , à mon sens , un style solaire traversé de vibrants éclats poétiques, une fulgurance de toute beauté , entremêlée à une langue brute, surréaliste, truculente, sans détour , familière, une suite échevelée , inquiète , éperdue, frénétique , angoissante ...un instinct de survie très puissant ....une fuite en avant pour un familier de la route, du bateau , du stop éperdu....
.Le lecteur a faim, grelotte, tremble, s'enflamme et transpire , aime, prend son plaisir , s'affole , rit au rythme de l'errance, de la fuite de ce héros poursuivi : de Verdun à Paris, de Paris à Marseille, de Corse en Italie, du Monténégro en Turquie, De Grèce à Marseille en plein mai 1968...au rythme de la cavalcade d'aventures qui coupent le souffle, ce jeune soldat épris de grands espaces côtoiera des individus peu orthodoxes, fera des rencontres épouvantables , parfois salutaires, toujours inquiétantes au coeur d'une errance hasardeuse, que l'on croit sans issue,.

Au delà de la noirceur de cette histoire l'auteur connaîtra le bonheur de la lecture à travers la rencontre d'auteurs tels que Jean-Giono, Céline et Alain-Fournier.
Les ébats croustillants décrits passionnément , dévoilés sans fard , ajouteront à la trame picaresque de cette première oeuvre, mi- populaire, mi- populiste, une langue familière, très poétique, un récit fondateur ( on comprend mieux son oeuvre en lisant cet ouvrage ) .

René , candide et plein de rêves, sensible et attachant conservera toujours une belle part d'humanité en toute circonstance ....
Il révèle des faits concrets au quotidien, le Héros deviendra«  Carne » à rouler sa bosse partout dans les chemins ....
Quelle cavale , on en reste étourdi ! .

«  Des mastodontes rocheux étranglaient des vallées sans cesse plus profondes. Tout là- haut , sur ma tête , la fuite morose du ciel comme une ombre rapace . Accrochées au vertige des pentes , trois cahutes de guingois semblaient attendre le dernier flocon pour plonger la tête la première dans le ravin .
Où m'étais je trompé de route?
Si moche, celle- là ne pouvait pas bien loin me mener , si ce n'est un peu devant , au fond du dernier gouffre. »



C'est mon septième livre de Rene-Fregni, ,son premier , écrit en 1989 , le plus noir,dur, parfois violent , brute , qui relate ——moitié autobiographique moitié onirique——Mélange de Fiction et de Réalité ——une fuite éperdue, une cavalcade effrénée, des aventures picaresques, des hasards indicibles et une volonté de vivre ou de survivre à tout prix....
Jeune , tout jeune , auteur d'une grosse bêtise , à la suite de malentendus et de circonstances incroyables , il rencontrera l'horreur, changera de nom....
Toujours en fuite, il fera de la prison, pour désertion....Ensuite deviendra visiteur de prison. La partie consacrée à son service auxiliaire , au sein d’un hôpital psychiatrique, j’ai eu un peu de mal.....
Mais ce n'est que mon avis, il peut ne pas plaire à tout le monde.
Remarquable : qu’il faut lire d’une traite , un jour entier de pluie!
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