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Critique de Zora-la-Rousse


« Recoudre la nuit » est un premier roman, celui d'une écrivaine, originaire de Vichy, et qui se trouve également être directrice d'un établissement psychiatrique. Son vécu nourrissant son écriture, c'est assez logiquement que l'intrigue de son livre se déroule dans un hôpital psychiatrique, à Vichy donc, et sous l'occupation.

Dans une succession de chapitres courts, l'auteure nous présente Violaine, Marcel, Laurette, les patients du Dr Faure, en cet hôpital de la Ronde, situé au coeur de l'île du même nom. En cet hiver 1942, il est devenu difficile pour les soignants de s'occuper de leurs patients, alors que les besoins de base ne peuvent plus être satisfaits : plus de médicaments, ni de chauffage et de nourriture.
Certains comme Violaine bénéficient de l'aide de leurs proches, qui leur procurent quelques vivres lorsqu'ils viennent en visite. Ainsi, Augusta sa maman, lui apporte quelques gâteaux lorsqu'elle le peut, même si elle n'ignore pas que sa fille, douce et généreuse, les partagera aussitôt et volontiers avec ses compagnons de galère.
Elle sait également que le besoin fondamental de la jeune fille de 20 ans est en vérité ailleurs. Il faudrait qu'elle lui parle, qu'elle lui raconte la rencontre avec son père, qui et comment il était, mais elle ne peut pas. Et Violaine, c'est comme si il lui manquait une partie d'elle, une partie de son histoire, ce qui l'empêche de grandir droit.
Le docteur Faure est lui impuissant face à ces non-dits entre les deux femmes, désemparé devant ces deux douleurs inexprimées qui ne peuvent se rejoindre et s'annuler. Et si l'élément déclencheur venait d'ailleurs ? de ce nouvel arrivant peut-être, que Violaine a nommé Alter, cet homme mutique qui réussit à redonner le sourire à la jeune fille…
L'amour peut-il seulement trouver sa place dans ce monde bouleversé.

Pour un premier roman, c'est une très belle réussite !
Dès les premières pages s'affirme un style, une écriture propre et particulière. le lecteur virevolte de chapitre en chapitre, tous différents ( monologues, dialogues, lettres...) mais tous en lien ; pas en suite chronologique mais en toute cohérence.
Contrairement à ce que l'on pourrait comprendre en lisant la quatrième de couverture, ce n'est pas une romance qu'il faut s'attendre à lire mais plus un roman psychologique, sur la quête identitaire, sur le poids du silence.
Il faut aussi saisir l'aspect historique de ce récit, sur la révélation de l'abandon complet de ces institutions pendant la seconde guerre mondiale, qu'il s'agisse des autorités françaises et de celles de l'occupant allemand. Pour mémoire, on estime à 45 000 environ les morts de faim ou de froid dans les hôpitaux français durant cette période.
Dernier aspect et non des moindres pour moi, c'est d'une plume poétique que Myriam Frégonèse a écrit cet ouvrage, par laquelle on ressent l'amour de l'écriture et ses bienfaits. Et ne serait-ce que pour cette qualité, je remercie grandement Babelio et les éditions L'oiseau parleur de m'avoir fait parvenir ce roman que j'ai dévoré le temps d'un trajet en train…
Un très joli voyage.
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