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EAN : 9782494255050
128 pages
L'Oiseau Parleur Editions (01/07/2023)
4.67/5   9 notes
Résumé :
1943. Sur l’île de la Ronde, le docteur Faure tente de subvenir aux besoins de ses patients, qui manquent de tout. A l’extérieur, c’est l’Occupation, la débrouille. Les autorités ont autre chose à faire que se pencher sur le sort des fous. Violaine a été placée là par sa mère, le jour où elle s’est cousue l’étoile jaune. Alter est arrivé, ramené par Marcel de la ville. Totalement mutique, il cache sans doute un lourd secret. A la recherche de leur identité, ces deux... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Nous sommes sur l'île de la Ronde, dans un hôpital psychiatrique. Entrez, n'ayez crainte ! Dans cette période troublée, on se demande parfois où se trouve la vraie folie, à l'intérieur ou à l'extérieur des murs ?

Ici, on manque de tout ; quand il y a peu pour les civils, pourquoi donnerait-on aux fous ? Alors, on les alimente de moins en moins. Parmi eux, se trouvent quelques privilégiés, qui arrivent malgré tout à se maintenir debout ! Les autres sont tellement dénutris, qu'ils n'ont guère le choix et restent alités.

Voici Marcel, hospitalisé dans l'Allier où il était soigné pour catatonie, a été transféré à la Ronde en 1937 parce qu'on ne savait plus trop quoi faire de lui.

Violaine qui a été envoyée par sa mère, pour la protéger des Allemands, depuis qu'elle a décidé de se coudre l'étoile jaune sur son manteau.

Alter, qui a été ramené par Marcel ; il ne parle pas mais Violaine l'apprécie beaucoup, tellement même qu'elle en tombe amoureuse.

Lorette, qui aime le sexe et soupçonne tous les hommes de succomber à ses charmes…

Puis, il y a le docteur Faure, qui se bat pour tous ses patients, parce qu'il les aime tous à sa façon et qu'il voudrait tellement les aider, malgré les difficultés et les restrictions.

Un jour, Kurt, un soldat allemand arrive ; il doit faire une enquête, savoir s'il n'y a pas des planqués dans l'asile.

Au milieu de tout ça, il y a Augusta, la mère de Violaine, avec son histoire d'amour, ses secrets et les non-dits qui ont rongé sa fille…

Nous entrons dans cet asile sur la pointe des pieds, puis nous ne voulons plus en sortir. On s'accroche, on souhaite rester avec eux, on en veut encore !

Avec pudeur, Myriam FRÉGONÈSE nous invite dans cet hôpital psychiatrique. Elle nous raconte ces histoires croisées, et au fur et à mesure, en tirant sur les fils, nous reconstituons la trame.

L'histoire de Violaine, imbriquée dans celle de sa mère. Des histoires d'amours, de passion et des incompréhensions.

Les chapitres sont courts, décousus, nous allons d'un personnage à l'autre, des textes concis, précis pour aller à l'essentiel, la vérité sans maquillage. Puis au détour d'une page, tout se met en place…

De temps en temps, il y a une citation, une note, un extrait de texte, qui viennent souligner ou éclairer l'histoire.

Bref, une plume délicate, qui relate des histoires d'amours, de guerre, de folies, le tout savamment orchestré et qui nous émeut jusqu'au plus profond de notre être. Un premier roman brillamment réussi !

À lire confortablement installé(e) sur une couette moelleuse, en écoutant une musique douce (Je t'aime à la folie de Serge Lama) et en prévoyant sur un plateau, de la soupe, des biscuits et du café… Bonne lecture !

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« Recoudre la nuit » est un premier roman, celui d'une écrivaine, originaire de Vichy, et qui se trouve également être directrice d'un établissement psychiatrique. Son vécu nourrissant son écriture, c'est assez logiquement que l'intrigue de son livre se déroule dans un hôpital psychiatrique, à Vichy donc, et sous l'occupation.

Dans une succession de chapitres courts, l'auteure nous présente Violaine, Marcel, Laurette, les patients du Dr Faure, en cet hôpital de la Ronde, situé au coeur de l'île du même nom. En cet hiver 1942, il est devenu difficile pour les soignants de s'occuper de leurs patients, alors que les besoins de base ne peuvent plus être satisfaits : plus de médicaments, ni de chauffage et de nourriture.
Certains comme Violaine bénéficient de l'aide de leurs proches, qui leur procurent quelques vivres lorsqu'ils viennent en visite. Ainsi, Augusta sa maman, lui apporte quelques gâteaux lorsqu'elle le peut, même si elle n'ignore pas que sa fille, douce et généreuse, les partagera aussitôt et volontiers avec ses compagnons de galère.
Elle sait également que le besoin fondamental de la jeune fille de 20 ans est en vérité ailleurs. Il faudrait qu'elle lui parle, qu'elle lui raconte la rencontre avec son père, qui et comment il était, mais elle ne peut pas. Et Violaine, c'est comme si il lui manquait une partie d'elle, une partie de son histoire, ce qui l'empêche de grandir droit.
Le docteur Faure est lui impuissant face à ces non-dits entre les deux femmes, désemparé devant ces deux douleurs inexprimées qui ne peuvent se rejoindre et s'annuler. Et si l'élément déclencheur venait d'ailleurs ? de ce nouvel arrivant peut-être, que Violaine a nommé Alter, cet homme mutique qui réussit à redonner le sourire à la jeune fille…
L'amour peut-il seulement trouver sa place dans ce monde bouleversé.

Pour un premier roman, c'est une très belle réussite !
Dès les premières pages s'affirme un style, une écriture propre et particulière. le lecteur virevolte de chapitre en chapitre, tous différents ( monologues, dialogues, lettres...) mais tous en lien ; pas en suite chronologique mais en toute cohérence.
Contrairement à ce que l'on pourrait comprendre en lisant la quatrième de couverture, ce n'est pas une romance qu'il faut s'attendre à lire mais plus un roman psychologique, sur la quête identitaire, sur le poids du silence.
Il faut aussi saisir l'aspect historique de ce récit, sur la révélation de l'abandon complet de ces institutions pendant la seconde guerre mondiale, qu'il s'agisse des autorités françaises et de celles de l'occupant allemand. Pour mémoire, on estime à 45 000 environ les morts de faim ou de froid dans les hôpitaux français durant cette période.
Dernier aspect et non des moindres pour moi, c'est d'une plume poétique que Myriam Frégonèse a écrit cet ouvrage, par laquelle on ressent l'amour de l'écriture et ses bienfaits. Et ne serait-ce que pour cette qualité, je remercie grandement Babelio et les éditions L'oiseau parleur de m'avoir fait parvenir ce roman que j'ai dévoré le temps d'un trajet en train…
Un très joli voyage.
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Je ne peux que vous conseiller de lire ce magnifique roman dont la signification dépasse les révélations.
Recoudre la nuit traite de l'identité et des troubles identitaires.
Violaine intimement persuadée d'être juive a cousu une étoile jaune sur son manteau. Sa mère la place en hôpital psychiatrique pour la protéger de sa folie car voilà dehors c'est la guerre, l'Occupation.
À l'Asile, c'est l'horreur, les nazis laissent les pensionnaires des hôpitaux psychiatriques crever de faim , terriblement affaiblis, ils offrent un spectacle de misère psychologique et physiologique.
Violaine occupée à combattre ses démons survole cette période effroyable car sa force réside dans sa déraison, elle avance, trouve des réponses et découvre l'amour.
Myriam Frégonèse a placé la folie au coeur de son roman, la folie de Violaine, la folie de la guerre et la folie du gouvernement en place qui décide de passer sous silence l'enfer des établissements psychiatriques.
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J'ai eu l'honneur de recevoir le livre de Myriam Frégonèse par les éditions L'Oiseau Parleur à l'occasion du Masse critique de septembre 2023.
Je dis bien "l'honneur", car j'ai rencontré une très belle plume pour une très belle histoire.
Oui, à la lecture du sujet, vous allez me dire "une belle histoire?" - Oui, oui, une belle histoire, même si celle-ci se déroule dans un asile (environnement peu banal) près de Vichy, en pleine seconde guerre mondiale lors de laquelle on a affamé les patients des asiles psychiatriques.
Ayant lu l'excellent livre d'Isabelle von Bueltzingsloewen, "l'hécatombe des fous" paru chez Flammarion, je trouve que ce qui s'est passé pendant la guerre est trop peu connu. J'ai donc trouvé intéressant et audacieux de situer l'histoire dans ce terrible contexte.

"Recoudre la nuit" est une roman court, ce qui ne l'empêche pas d'être également un roman dense et intense.
Le récit s'organise en petits chapitres, entrecoupés de notes issues d'autres auteurs venant éclairer le contexte de l'histoire. A d'autres moments, le récit prend la forme d'une lettre, d'un compte rendu de visite,...ce qui donne force et originalité à l'histoire. On avance ainsi dans ce récit hétéroclite qui vient former un tout cohérent et addictif tant on a hâte d'en découvrir plus au fils des pages.

C'est un roman choral dans lequel on découvre les patients de l'asile. Parmi eux, Violaine m'est apparue comme étant le pivot central. Elle est internée depuis 1942 pour avoir cousu sur son manteau l'étoile jaune imposée aux juifs. Ce personnage est touchant car Violaine est loin d'être folle. C'est un être à la fois simple, sensible et doté d'une force et d'une lucidité incroyable.
Les autres personnages sont aussi attachants qu'intéressants grâce à leur histoire personnelle singulière.

L'auteure, dont c'est le premier roman, est docteure en psychopathologie fondamentale et psychanalyste et dirige un établissement psychiatrique. C'est ce qui donne une dimension crédible aux situations évoquées.
C'est également un récit plein d'humanité, raconté dans un style fluide, et bizarrement doux et délicat pour parler de violence (violence de la guerre, violence du sort réservé aux patients des asiles, violence d'assumer son identité (ou pas)). Avec ce court roman, au travers du personnage du Dr Faure, qui dirige cet asile, Myriam Frégonèse fait une déclaration d'amour à son métier.

Carton plein pour "Recoudre la nuit"!
Merci à Babelio pour l'organisation de ses Masse Critique et Merci à L'Oiseau Parleur de m'avoir fait découvrir cette auteure.
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Avant d'ouvrir ce roman, je ne savais pas que les malades des hôpitaux psychiatriques avaient été abandonnés durant la seconde guerre, avec si peu de moyens que le chauffage et la nourriture manquaient, en plus des médicaments. Une mort lente et dans l'indifférence générale.

C'est l'histoire d'un de ces établissements, de ses malades, et du directeur qui tente de continuer à s'occuper d'eux le plus humainement possible. Un roman court, qui alterne les histoires des patients et la vie à l'hôpital, les comptes-rendus et quelques bribes d'informations factuelles sur la situation des asiles à l'époque.

La chronologie est un peu décousue, comme les vies et les souvenirs. Comme les discours. Les personnages sont touchants, jamais caricaturaux. Il y a une soif d'amour qui bouleverse. Et beaucoup de lumière dans ce contexte très sombre.
Le récit est très court et la fin un peu abrupte peut-être... C'est que je serais bien restée encore avec eux.

J'ai laissé à regret l'île et ses pensionnaires, c'est un très beau roman, une très jolie découverte.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Avant l'Occupation, leurs esprits étaient déjà assiégés. Ils étaient fous, déments, hystériques. C'était eux, que les autres regardaient de loin en riant ou s'écartant de leur chemin, qu'on montrait du doigt, critiquant leur laisser-aller, bande d'assistés de la société, je te les mettrais bien au boulot moi ceux-là, ainsi de suite, les commentaires…
Lorette, Marcel, Violaine subsistent, chacun pour une raison différente, une chance inouïe. Mais les autres restent couchés. Ils délirent à l'horizontale. Crèvent de la faim. Dans le méchant froid. Le silence du manque de tout.
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Parfois, j'ai des images en tête. Ou alors je ressens quelques chose. Mais je ne sais pas quoi. C'est à dire que je sens, je vois un peu, mais il n'y a pas de mots pour le dire, l'expliquer à maman ou à vous. Et ça, ça me fait peur aussi, de ne pas pouvoir dire, parce que c'est ça, d'être seule, vous comprenez ?
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Affamer la folie. Il fallait y penser. La réduire au silence, avant de la rayer.
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