Citations sur Vies électriques (12)
Les femmes sont parfaites, elles sont douces, discrètes, studieuses, elles ne laissent rien à désirer.
Alors que faites-vous quand vous ne comprenez pas pourquoi une radio ne marche pas ?
Vous tapez dessus, aussi bon technicien que vous soyez.
On peut faire la même chose avec les malades mentaux.
On va leur faire frôler la mort, pour qu’ils retrouvent l’esprit.
[dans le camp d'Auschwitz]
Drohocki ne dispose d’aucun médicament, mis à part quelques barbituriques de hasard, pas plus que d’outils de diagnostic. Assis devant une petite table sur son tabouret, il prend des notes sur chaque cas, soumet les patients à des tests psychométriques, les invite à décrire au mieux leurs affections. Il sait que la parole est en elle-même un premier remède. En ce début 1944, combien de temps leur accordera-t-on ce luxe invraisemblable ?
— Bon, tu sais qui sont les brahmanes ?
— Non, pourquoi ?
— Ce sont les sages de l’Inde.
— Et alors ?
— Tu sais ce que c’est, pour eux, la vie ?
— Je m’en fiche [...]
— Eh bien, les brahmanes, ils pensaient que la vie est
une cuisson. Comme une sauce qui réduit dans la casserole.
— Comme dans le four ?
— Exactement. Et à la fin, tu vois si c’est beau ou si c’est bon, à la fin seulement.
Tout le monde se comprend, tout le monde a compris le jeu auquel ils jouent. Une forme de roulette russe, entre supplément de vie et une mort accélérée. Quand ils ne sont pas des sauveurs, ils sont des bourreaux. (p.326, Grasset)
[...] Tous ces habitants des grandes villes aux nerfs reliés par des postes de radio, des salles de cinéma, des néons gigantesques, des torrents de musique, des lumières incessantes.
[à propos des électrochocs]
Ils leur disent qu’il s’agit de tester une méthode pour guérir les troubles mentaux des soldats, mais les autres n’ont pas l’air convaincus, d’autant que certains meurent, inexplicablement, à la suite de la secousse électrique.
[...] IG Farben s’est fait voler les matériaux d’un hôpital, mais leurs salles restent un simple atelier de réparation de la main-d’œuvre.
[...] Le Reich domine l’Europe de façon écrasante, avec ses scientifiques, ses ingénieurs et son armée.
Tous les compliments qu'ils te font, le mémorandum que Fischer t'a demandé pour l'inauguration de leur hôpital, ce sont des garanties de leur importance, de leur compétence, des raisons de rester jusqu'à ce que la paix revienne. C'est l'enfer pour la plupart, le purgatoire pour nous, le paradis pour eux. Ton électrochoc, dans mon hôpital, dans cette guerre, tout cela est très solide, nous nous tenons les uns les autres. (p.251, Grasset)