J'esquisse un sourire en coin en voyant mon boss fusiller du regard son collaborateur qui ânonne des chiffres qu'il ne maîtrise pas. J'ai le temps de remarquer Mathias du coin de l'oeil reluquer mes fesses. Encore un problème. Mathias est un connard.
Un connard avec qui je suis sortie pendant deux ans avant qu'il ne me plaque.
Test de grossesse positif, déni qui a rendu l'avortement impossible, et cette enflure qui se barre.
Parce que sa carrière. Parce qu'il ne pouvait pas être père. Parce qu'il n'a pas de couilles.
je m'approche de lui, il affiche son éternel sourire narquois.
Comment j'ai pu le laisser me baiser ?
- Mademoiselle Rose,, vous nous donnez infiniment chaud avec ce chemisier que vous boutonnez comme pour aller à la messe, susurre t-il en déclenchant quelques ricanements.
Milieu d'hommes. Beaucoup de testostérone. je vais finir par croire qu'il suffit de trois fois rien pour les provoquer.
- Il ne me semble pas vous avoir souvent croisé à l'église, Monsieur Mérino, je riposte en posant une tasse devant son collègue.
Il y a encore des rires. Il ne se démonte pas et m'effleure la poitrine quand je me penche avec le plateau.
- Geste malheureux.
Ma réaction à sa fausse excuse est instinctive. Je renverse la tasse bouillante sur son entrejambe. Une brûlure à la queue n'est jamais drôle. Je l'entends hurler, satisfaite.
-PUTAIN, ROSE ! T'ES FOLLE !
- Geste malheureux, je réponds innocemment en passant au suivant.
Bien fait !
— Maman, t’es amoureuse ?
— ...
— Parce qu’on va beaucoup chez Mathiiias,
— Mathias est quelqu’un de très important. Mais… je ne sais pas si je suis amoureuse.
— Mais, maman, c’est facile de savoir ! babille-telle. Il t’a chanté une chanson ?
— Non. Il ne m’a pas chanté de chanson,
— Alors tu dois lui en chanter une ! Sinon ça marchera jamais
Maman elle a ramené un Monsieur qui sent pas très bon. Je sais pas si on va le garder.
- Qu'on ne me dérange sous aucun prétexte, avertit Mr Bud avant de m'inviter à le suivre dans son studio.
Il verrouille la porte, nous voilà tous les deux dans un cocon secret. Je me sens toute petite, complètement gauche et limite adolescente. Je pensais que l'accouchement m'aurait enlevé beaucoup plus de pudeur que ça.
- Melle Rose, il me semble que nous avons un dossier de première importance à traiter, commence t-il en servant deux jus de fruits.
Je déglutis. la panique. Encore. Et toujours.
- Je vais passer à la casserole ?