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Critique de Sofiert


Philosophe et politiste, Camille Froidevaux-Metterie, auteure de plusieurs essais, publie un premier roman qui aborde des thèmes qu'elle a déjà traités sur un mode théorique : la condition des femmes, les rapports de pouvoirs et le corps.

Tout commence par une PMA en Espagne pour Stéphanie qui désire un enfant mais ne vit pas en couple. La naissance d'Eve validera son choix d'être une mère célibataire et d'appartenir au modèle de la famille monoparentale, modèle que l'on présente régulièrement comme un modèle négatif et subi, alors même que certaines femmes le choisissent délibérément.
Dans une démarche tout aussi marginalisée, Stéphanie offre à sa fille un père "intime" qui n'a d'autre engagement qu'un engagement personnel.
L'auteure aborde alors, dans un roman choral qui donne successivement la parole à douze femmes, les différentes facettes de la vie des femmes à des âges différents.
Sans surprise on assiste donc aux émois de la puberté, aux premières règles, aux relations sexuelles, au sexisme, à la violence, à la maternité puis le cancer du sein, la ménopause et la vieillesse.

En toile de fond, le rapport des femmes à leur propre corps questionne. Lorsqu'il ne s'agit pas de surpoids ou d'anorexie, les femmes décrites peinent à vivre en harmonie avec leur corps. Entre fantasmes et désirs inassouvis, il n'est pas question de plaisir sexuel, ou alors de la nostalgie du plaisir sexuel et davantage encore de la nostalgie du désir.
Seule Colette, la vieille tante un peu obèse qui a choisi de vivre en communauté d'amies, semble épanouie dans son choix de vie et à l'aise avec un corps qui lui procure du plaisir.

Sans pour autant faire catalogue de vies de femmes abîmées par la vie, par la réalité du harcèlement et du viol, par les injonctions à être toujours belles et désirables, au-delà de cette terrifiante date de péremption évoquée par Corinne, ce roman me questionne.
J'espérais une problématique plus féministe pour compenser ce tableau plutôt négatif de femmes dépendantes du regard des autres et si le roman se conclue par un éloge de la sororite, il ne permet pas d'oublier le portrait de cette mère terriblement égocentrique et narcissique qui se justifie dans la fiction mais étonne dans l'intention.
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