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Critique de domenicocortez


Quand Thomas Piketty suggère la lecture de Fuentes et de son dernier roman La Volonté et la Fortune, il met l'accent sur le côté balzacien de Fuentes, sa description d'une société sur les plans économique, sociologique, générationnel et amoureux. Mais à la lecture de ce roman, c'est à Flaubert que je me référais encore plus, pour sa description d'une génération abandonnée, une génération velléitaire et désabusée. Les fruits secs, comme Flaubert prenait plaisir à décrire ses deux anti-héros de L'Education sentimentale: deux parvenus qui n'ont que leur vanité et leur opportunisme à offrir, fruits d'une révolution manquée, fruits d'une société en pleine déliquescence. Mais plutôt que de lire Rousseau et Lamartine, les protagonistes de Fuentes se nourrissent de Machiavel et Unamuno.

«J'ai grandi, dit-il, dans une société où la société était protégée par la corruption officielle. Aujourd'hui, poursuivit-il, péremptoire, mais sur un ton mi-critique mi-résigné, la société est protégée par les criminels. L'histoire du Mexique est un long processus pour sortir de l'anarchie et de la dictature et arriver à un autoritarisme démocratique... Aujourd'hui, Josué, le grand drame du Mexique c'est que le crime a remplacé l'Etat. L'Etat démantelé par la démocratie cède aujourd'hui le pouvoir au crime sous l'égide de la démocratie.»

C'est qu'il cherche des pistes d'interprétation, Fuentes, il cherche un nouvel élan à donner à tout un peuple, car il sait que seule la littérature peut défricher de nouveaux territoires de la conscience. Les critiques ici-même sur Babelio semblent s'attarder sur le côté baroque et diffus de l'écriture, mais Fuentes, en digne héritier de Sterne et de Broch, possède un style qui échappe à la narration convenue, une narration qui s'oppose à la tentation cinématographique, au refus du glissement d'une caméra qui ne fait qu'effleurer l'essence des choses qu'il décrit. Fuentes se réclame d'une filiation qui va au-delà des apparences, il s'insère parmi ces artistes qui aiment à insulter, à bousculer et à dénoncer.

«Diego Rivera, en plein Palais national, décrit une histoire présidée par de hauts dignitaires politiques et religieux corrompus et menteurs. Orozco prend les murs de la Cour suprême pour dépeindre une justice qui se paie la tête de la loi par la bouche hilare et peinturlurée d'une putain. Azuela, en pleine lutte révolutionnaire, met en roman la révolution sous forme de pierre roulant vers l'abîme et dénuée de toute idéologie ou but. Guzman rend compte d'une révolution au pouvoir qui ne s'intéresse qu'au pouvoir, et non à la révolution...»
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