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Critique de Sachenka


Carlos Fuentes, dans ce bref récit qu'est Les deux rives, a rédigé un petit chef d'oeuvre. D'une lecture rapide et captivante, il n'en demeure pas moins profond et spirituel, suscitant la réflexion.

Jeronimo de Aguilar, déjà sur les rives éternelles de la mort, revient sur son expérience passée, sur le rôle qu'il a joué dans la conquête du Nouveau Monde. En effet, naufragé au Yucatan depuis quelques années, il a appris à vivre parmi les Mayas. L'arrivée de Cortès en 1519 chamboule son existence : doit-il aider à préserver la culture locale qui l'a accueilli ou bien retrouver la civilisation occidentale? Il choisit de devenir l'interprète du conquérant.

Mais très vite, il perd ce monopole (et ce pouvoir) au profit de Malinche, une autochtone qui trouve le moyen de se venger de ses compatriotes en les trahissant. Chacun des deux, à travers leur maitrise des langues, tenteront d'influer sur les événements historiques qui sont en train de se dérouler. Comme quoi la langue joue un rôle essentiel... Cette lutte de pouvoir entre les deux interprètes fait écho à celle que se livrent Moctezuma, le chef des Aztèques, et Cortès. Quand la grande cité de Tenochtitlan est ravagée par la maladie et le feu, on se demande laquelle des deux cultures représente la sauvagerie.

Mais les réflexions de Aguilar dépassent les simples regrets d'un traducteur délaissé, abandonné à une mort ordinaire (la petite vérole). Elles abordent des thèmes cruciaux comme l'identité, le sentiment d'appartenance, le langage, la civilisation et la nature humaine. Mais même ces éléments ne peuvent rien contre la marche de l'histoire. Ce qui devait arriver arrivera, ou se répétera...

Bref, Les deux rives est un récit que je relirai avec grand intérêt!
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