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Critique de Tachan


Après nous avoir sorti l'excellent Utsubora, Akata a renouvelle l'expérience avec un nouveau thriller qui promet d'être de haute volée : Burn the house down.


Avec ce titre, l'éditeur s'inscrit dans une vague de polar dénonciateur des hypocrisies de notre société, comme c'était le cas avec Utsubora, mais c'est fois ce sera avec une série plus longue, plus punchy et moins arty, plus classique aussi. Première série aussi longue de son autrice, le titre fut publiée dans le magazine japonais Kiss, que j'apprécie énormément et qui est une valeur sûre pour moi. En plus, alors qu'elle travaille depuis près de 10 ans, la mangaka a développé une veine sociétale dans ses oeuvres d'après l'éditeur français, ce qui ne peut que titiller mon intérêt.

Avec une entrée en matière fort efficace, l'autrice nous entraîne dans un huis clos intimiste et inquiétant entre une jeune employée de ménage et son employeur, toutes deux liées, sans que cette dernière le sache, par un drame survenu des années plus tôt : l'incendie de la maison d'Anzu. Avec une ambiance un peu à la Almodovar, nous allons nous retrouver à suivre Anzu qui se fait passer pour une Shizuka et qui va se faire embaucher par celle qu'elle pense responsable de cet incident : la nouvelle femme de son père. Un jeu de dupes fort stressant.

Tout repose sur le jeu de chat et de souris dans lequel se lance l'héroïne. En s'immisçant dans la vie de la nouvelle femme de son père pour trouver des preuves dénonçant ce qu'elle a fait autrefois, elle met le doigt dans un terrible engrenage. On sent qu'Anzu/Shizuka est quelqu'un de foncièrement gentil, avec le coeur sur la main, mais elle se retrouve acculée et va se retrouver piégée dans cette situation sous le regard impuissant de sa jeune soeur et celui hagard de sa mère...

L'autrice a parfaitement su mettre en scène cette tension qui va progressivement monter au fur et à mesure qu'Anzu/Shizuka va tomber sur des détails de sa vie d'avant et qu'elle va nous révéler aussi bien dans le présent que le passé le vrai visage de sa belle-mère. Celle-ci a pris la vie son ancienne meilleure amie et est désormais une influence en puissance sur les réseaux sociaux, ne vivant ainsi que pour les apparences. C'est une critique percutante que Moyashi Fujisawa fait de notre société à travers elle, car nous allons découvrir la réalité derrière le joli visage qu'elle expose et ce n'est pas très beau à voir... Mère abusive, épouse menteuse et manipulatrice, amie en carton pâte, cette Makiko est horrible. Mais en même temps, je sens venir une certaine nuance dans son portrait à travers la mise en scène de la folie qui la gagne, elle qui était autrefois pauvre. Je suis attrapée, je suis intriguée.

La mangaka est vraiment douée pour alpaguer le lecteur avec ses mystères. Il y a d'abord la question de l'incendie bien sûr, puis la façon dont Makiko a fini dans les bonnes grâces au père d'Anzu, mais aussi les secrets de cette maison, lieu central de l'intrigue. Alors que je me demandais comme elle allait faire tenir son histoire sur 8 tomes dans ce seul lieu, elle a su me surprendre avec un rebondissement certes un peu vu et revu mais efficace et pertinent ici dans la critique faite de cette société hypocrite qui ne vit que pour les apparences. Elle met cela en scène avec une jolie utilisation des noirs et des regards pesants et inquiétants comme dans tout bon thriller où l'âme folle des personnages passe par leurs yeux.

Burn the house down, bien que moins saisissant que l'artistique Utsubora, fut une lecture fort efficace au premier tome scotchant, qui démarre sur un mystère classique mais parfaitement orchestré et mené par une autrice qui a un message à nous délivrer : stop cette société d'apparence qui pousse les gens au pire et fait souffrir les victimes conjointes. Akata a encore fait une belle trouvaille pour sa veine polar et sa veine sociétale. Bravo.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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