AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de BazaR


Une excellente biographie de Philippe Auguste que voilà ! Elle m'a bien déstabilisé dans mes certitudes.

Certitudes basées sur des lectures précédentes – j'ai lu la biographie du roi par Georges Bordonove par exemple –, voire des films, qui embrassaient dans des hugs endiablés une peinture élogieuse du personnage, susceptible de nous rendre fiers d'avoir eu un roi de cette trempe et de cette classe.
Les historiens du présent album, Étienne Anheim et Valérie Theis, ont souhaité déplacer cette image vers quelque chose d'historiquement plus réaliste et moins estampillée « éducation des masses dans un esprit patriotique » (je ne jette la pierre à personne ; tout le monde a besoin de modèles positifs). Et ça surprend sévère !

Le jeune futur roi est dépeint comme désobéissant, enflammé, fier et méprisant (bon, les jeunes futurs rois le sont souvent, vu qu'on leur a seriné dès leur plus jeune âge qu'ils vivent au sommet de la pyramide du pouvoir). On voit Philippe évoluer vers plus de raison, de sérénité. En revanche le caractère rusé du personnage semble avoir toujours existé chez lui.
On saisit vraiment bien le caractère fragile du pouvoir des Capétiens de l'époque. Grâce à ma lecture récente de la biographie de Mahaut d'Artois, j'ai pu le comparer avec celui, solide, de la France de Philippe le Bel. Philippe Auguste devait jouer des coudes pour calmer les prétentions de ses grands vassaux, le compte de Flandres, mais surtout les Plantagenêt qui possédaient, lors de l'intronisation Philippe Auguste, toute la partie ouest de la France que nous connaissons sans compter l'Angleterre.
A sa mort, les Plantagenêt ne conservent que le duché de Guyenne et le domaine royal a au moins triplé de surface. Cela ne peut qu'impressionner. Mais le ressenti empathique sur le personnage à la fin de l'album s'est déplacé vers quelque chose de mitigé.

Le dessin de Mickael Malatini renforce la volonté des historiens auteurs lorsqu'il présente Philippe Auguste encore jeune et presque chauve à son retour de croisade. Une vision du roi frappante pour quelqu'un qui l'a toujours imaginé « grand et beau », à la hauteur de sa légende. J'ai apprécié aussi le dessin inventé de la cathédrale de Reims avant qu'elle ne devienne gothique.
Malheureusement, je n'ai pas apprécié sa façon de réaliser les dessins de foule. Dès que les personnages ne sont plus au premier plan, Malatini oublie de dessiner les traits des visages qui se résume à un ovale couleur chair. Paresseux Malatini ?

Le dossier final est indispensable pour bien comprendre les intentions des auteurs. Il complète plutôt qu'il ne « redit » l'album dessiné et est pour beaucoup dans mon appréciation finale.

Commenter  J’apprécie          310



Ont apprécié cette critique (31)voir plus




{* *}