Le bûcher de
Georges Bordonove
Ce soir, une force irrémissible me pousse à coucher sur papier ces choses d'autrefois.
Et c'est à vous que je pense, messire Gaucelin, à vous qui dormez, besogne faite, dans les sables de Mansourah. Vous étiez plus que mon protecteur, car, parmi les écueils de l'existence, vous saviez piloter mon âme vers le sûr asile.
Aussi, de la demeure céleste où vous êtes parvenu à grand arroi de peines, je vous requiers et prie humblement de ne me pas abandonner.
Du doigt tremblant d'un vieux soldat je trace ces lignes, en cette tour de l'Ouest de la Commanderie de la motte Saint-Sulpice que vous connaissez si bien.
Ma chambre fut la votre, comme la table, le fauteuil, le coffre où je range mon haubert et mes vêtements de paix, furent les vôtres.
Votre Commanderie se dresse toujours, massive et noire, au milieu des terres brunes et des prés verts...
(extrait de l'édition de poche parue en 1990)