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Critique de Fortuna


Pour répondre à cette question (posée par le titre du livre) il faut déjà s'interroger sur ce qu'est la pensée. Pour Markus Gabriel elle est un sens qui n'appartient de ce fait qu'aux êtres vivants. L'homme est capable de créer un langage à l'origine de la civilisation, de nommer le vivant, de penser à propos de cette pensée. de là il a été capable de créer une intelligence artificielle à partir de la logique qui est la limite qui fixe le pensable. Mais cette intelligence artificielle n'est pas intelligente : elle ne peut pas saisir le contexte d'un énoncé, elle n'a pas notre équipement sensoriel ni nos facultés socio-culturelles acquises. Elle reste déterminée par l'homme.

Cette pensée permet à l'homme d'avancer à travers l'infini, de s'orienter, de trier, de simplifier le réel pour le rendre vivable. Mais à mesure du développement de nos connaissances, la réalité devient plus complexe. L'homme s'interroge également sur les origines de la vie, il a peur de la mort. Les croyances religieuses qui sont des projections humaines pour répondre à ces questionnements deviennent aujourd'hui une croyance en la toute puissance des machines. Or les machines ne peuvent pas prendre le pouvoir car elle ne pensent pas. Une autre illusion et déviance religieuse est de penser que la technique peut nous rendre immortels. Cette foi en l'homme transhumain ou posthumain peut nous mener à l'anéantissement de l'humanité et de la planète.

Markus Gabriel nous met en garde contre ces dangers et défend un réalisme neutre, c'est à dire la thèse que la réalité n'est ni perceptible en totalité par l'homme ni inaccessible à la connaissance. le matérialisme grossier et le fondamentalisme religieux sont deux images erronées du monde. La philosophie est là pour nous permettre de juger ce que nous sommes en tant qu'hommes. Car l'unique sens de la vie réside dans la vie elle-même. Et cette vie, nous devons la préserver.

Cet essai est passionnant bien que parfois un peu difficile à suivre. Les exemples concrets sont très utiles pour nous aider à comprendre l'auteur qui s'inspire de philosophes qui ne sont pas forcément les plus accessibles, Heidegger, Husserl, Russell… Tout cela est évident très bénéfique pour les neurones et nous permet de clarifier certaines craintes infondées, l'idée que le monde numérique ne serait pas la réalité ou qu'une intelligence artificielle tenterait de prendre le contrôle de nos vies. Comme Markus Gabriel nous le rappelle, il n'y a pas de fausse information, il n'y a qu'une utilisation erronée de l'information. Et derrière, des êtres humains. Seul le vivant pense.
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