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Critique de Dossier-de-l-Art


Théâtre d'une polémique au début de l'été, l'hôtel de Brienne, résidence du ministre de la Défense – actuellement des Armées –, n'avait jamais fait l'objet d'une étude d'envergure. Richement illustrée, cette monographie vient donc combler un vide. Elle s'ouvre sur un paradoxe : l'hôtel qui deviendra un jour la virile maison de Mars fut d'abord successivement édifié, habité et embelli par trois femmes. Au commencement fut la belle Madame de Prie, puissante maîtresse du duc de Bourbon, pour le compte de laquelle un spéculateur acheta en 1724 une parcelle de belle taille à proximité du futur palais Bourbon. L'architecte Aubry y imagina un hôtel entre cour et jardin dont les travaux furent bien vite interrompus, la disgrâce du duc entraînant l'exil de sa favorite. L'hôtel passa alors entre les mains de la marquise de la Vrillière qui acheva les travaux et s'y installa avant de le céder pour 400 000 livres à la princesse de Conti. Elle confia à l'architecte Simonet la réalisation de somptueux décors au sein desquels elle vécut durant quarante ans. Héritier de l'hôtel, son petit-fils le céda bien vite à celui qui lui donnera son nom : le comte de Brienne, nommé secrétaire d'État de la Guerre en 1787. Confisqué à la Révolution, le bâtiment entrera dans la famille Bonaparte par l'intermédiaire de Lucien, qui s'y installe avant de le revendre à sa mère en 1805. Il devient alors officiellement « le palais de Madame, mère de l'Empereur » qui lui confère l'austère grandeur qui forge encore aujourd'hui son identité. La chute de l'Empire voit son acquisition en 1817 par l'État qui y installe le siège du ministère de la Guerre. de nombreuses pages de notre histoire nationale s'y écriront désormais : c'est ici, penché sur le fameux bureau Daru, que Clemenceau y prépara la victoire de 1918, ici qu'il sera ensuite acclamé par les Parisiens depuis une fenêtre du premier étage. C'est enfin l'hôtel de Brienne que quitte de Gaulle le 10 juin 1940, hôtel qu'il retrouvera intact le 25 août 1944, lorsqu'il y installera le siège du gouvernement provisoire de la République française.

Par Olivier Page-Mazzi, critique parue dans L'Objet d'Art 538, octobre 2017
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