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Critique de ghjanlucca


Début des années 2000, pour ses quarante ans, Will, libraire, gay, officiellement célibataire et heureux, se voit offrir un séjour dans un bungalow idyllique de Cornouailles, « La Maison Bleue », par sa soeur Poppy. Malgré les réticences de cette dernière Will se propose d'emmener avec lui ses parents ; Frances, sa mère souffrant d'un alzheimer précoce, il voit là, en plus de retrouvailles familiales touchantes, l'occasion de décharger un peu son père, John, des contraintes et angoisses de la maladie dans un contexte chaleureux et dédramatisant. Et puis, comme le logement semble le permettre il convie insidieusement son beau-frêre Sandy, belle occasion, à son sens, pour enfin s'imaginer vivre au quotidien et presque au grand jour avec celui qui est son amant caché. La présence de ses neveux ne devrait ajouter qu'un peu de piment à la situation...
1968, John, le directeur de la prison de Wandsworth, sous l'impulsion de son épouse, Frances, est bien décidé à donner un nouvel élan à sa petite famille avec quelques vacances en Cornouailles dans un chalet au bord de l'eau baptisé « L'écumeur des Sables ». Sa femme et leur petit garçon de 8 ans, Julian, goutent également le bonheur et tous les espoirs nés de ce changement de cadre, du moins jusqu'à ce que survienne Bill, le beau-frêre américain veuf, et sa fille. Leur apparente liberté bouleverse l'équilibre subtil de la famille de John. Pire, une évasion de la prison contraint le directeur au retour, il laisse derrière lui beau-frêre et belle-soeur en plein désordre émotionnel ; cousin et cousine livrés à une âpre concurrence affective...
Il s'agit de la même famille, à deux moments de son histoire que le roman retisse dans un constant mouvement de balancier ; chapitre après chapitre, il amène la lumière sur ce qui s'est réellement passé entre ces êtres déchirés, écorchés, par 30 années de tromperies, par une culture du mensonge érigé en clé de voûte des relations humaines. Apparaît alors un monde parallèle de non-dits, de silences et de dissimulations, négatif de l'harmonie polie qui semblait unir chacun, la réalité se révèle dans son absolue cruauté, le groupe est constitué de souffrances qui vivent côte à côte, de rancoeurs jamais avouées qui attendent leur heure.
Roman du refoulement plus que du désir, Patrick Gale mène cette introspection collective et individuelle de manière époustouflante, renouant entre eux, avec le talent d'un conteur de génie, les fils de toutes ces histoires en maintenant suspense et humanité à son récit. Très vite cette histoire fascinante ne laisse plus le moindre répit à son lecteur, les liens se font si forts avec les personnages, le besoin de savoir devient si pressent que ce livre ne comporte pas une seule longueur. S'ils s'en sortent, comment pourront-ils s'échapper de la prison qu'ils ont crée autour d'eux à force de se mentir et de se tromper ? Quel choc salvateur, à chacune de ces époques, pour créer chez ces personnages ce besoin de liberté qui leur rendra leur humanité ? D'une prison l'autre, la vérité est quelque part par là, les interventions d'un prisonnier devenu célèbre, montreront symboliquement le chemin à travers des cadeaux plein de sens...
Une très bonne traduction d'Isabelle Maillet, un seul regret ce titre qui n'a aucun sens... surtout au regard du rôle joué par la musique tout au long du roman, il fallait rester dans l'esprit de « Rough Music », le titre original.
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