AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de SergentPoivre


L'Histoire des Forsyte est une immense fresque romanesque qui se divise en trois cycles :
- La Dynastie des Forsyte, rédigée entre 1906 et 1921, se compose de trois romans et deux nouvelles.
- Comédie moderne, rédigée entre 1924 et 1928, compte aussi trois romans et deux nouvelles.
- Quant à Fin de chapitre, le troisième et dernier cycle (que je n'ai pas encore lu), il regroupe trois romans écrits entre 1931 et 1933.
À noter cependant qu'il existe également un recueil de nouvelles publié de façon posthume, 34 ans après la mort de l'auteur : Épisodes et derniers épisodes des Forsyte.

La Dynastie des Forsyte, qui est le cycle le plus connu, relate l'histoire de la famille Forsyte entre les années 1886 et 1920 (1922 ?) et, à travers les destins des vieux et solides bourgeois qui la composent, la disparition définitive de l'Angleterre victorienne.

Comédie moderne, cycle dont il est question ici, débute en octobre 1922. Les vieux et solides bourgeois du cycle initial, ceux qui ont bâti la fortune familiale (ou qui, tout au moins, l'ont augmentée et consolidée), sont tous morts et enterrés et John Galsworthy nous invite maintenant à suivre le destin de quelques-uns de leurs descendants, dont Soames, un Forsyte de la deuxième génération qui était déjà l'un des personnages principaux du premier cycle, et Fleur, sa fille unique, gâtée et, sauf en matière d'amour, assez superficielle.
Plus politique et plus social (et, probablement, plus bouleversant) que le premier volet, Comédie moderne est, au-delà des destins individuels de ses remarquables personnages (la galerie est vaste), la peinture d'une époque fébrile, le portrait d'une société cynique et désenchantée qui a envoyé valdinguer les conventions et les valeurs de la génération précédente mais qui, rongée par l'incertitude (une résultante de la Première Guerre mondiale et de l'accélération du monde), peine à leur en imaginer de nouvelles (à moins qu'elle ne pense qu'il soit possible, d'une manière ou d'une autre, de vivre au jour le jour sans s'encombrer de morale, de vertu, d'intégrité ou de souci du lendemain). À l'exception notable du presque inébranlable Soames (personnage antipathique du premier cycle que l'on en vient maintenant à apprécier pour sa droiture, sa constance et parce que, contrairement à la nouvelle génération, il est finalement capable, dans les limites de son caractère, de se réinventer en un homme plus sensible et plus équilibré), ils semblent à peu près tous tâtonner comme des aveugles, errer comme des vagabonds sans destination : ils sont, pour la plupart, certains de ne pas vouloir aimer, peindre, écrire, élever leurs enfants, se sacrifier ou faire de la politique comme leurs parents mais aucun d'eux ne parait avoir une idée bien claire de la direction initiale à prendre et du but ultime à atteindre. Comme le dit l'auteur lui-même dans sa préface, ils ignorent ce qu'ils veulent mais ils l'exigent avec une obstination d'enfants gâtés et s'agitent désespérément pour l'obtenir. En cela réside la "comédie" dont il est question dans le titre. Une comédie plus pitoyable que joyeuse.

Ce deuxième cycle est un chef-d'oeuvre de la même trempe que le premier.
Commenter  J’apprécie          02







{* *}