Je suis Sofia

Cette bande dessinée parle d'un thème peu abordé dans la littérature, à savoir ce qu'on appelle des personnes « transgenres » ou « transsexuels ».
Céline a été jeune fille au pair il y a plus de 20 ans en Italie, où elle s'est occupée de deux petits garçons.
Elle a l'occasion de les revoir 20 ans après et elle découvre alors qu'Edoardo, 26 ans, est devenu Sofia.
Bien que stupéfaite, elle va vouloir comprendre cette transformation et va entreprendre de raconter ce bouleversement qui concerne Edoardo-Sofia, mais aussi sa famille.
J'ai trouvé dommage que l'auteur passe plus de temps à raconter pourquoi elle voulait relater cette histoire et demandait conseil à ce sujet à tout un tas de gens plutôt que de le faire directement.
La ville de Rome est censée avoir un rôle important dans l'histoire, mais malgré de jolis dessins et un choix de couleurs originales, avec le bleu et l'orange en vedettes, je n'ai pas eu l'impression d'être vraiment immergée dans cette ville.
Bien sûr, on apprend des choses sur les changements tant physiques que psychologiques de Sofia et sur ce que vivent les personnes nées dans un corps qu'ils ne reconnaissent pas comme le leur, mais j'ai trouvé cette bande dessinée un peu décevante, les informations concrètes ne sont finalement pas très nombreuses et les réflexions de Céline, la jeune fille au pair m'ont semblé avoir peu d'intérêt, j'aurais préféré qu'elle nous parle davantage de Sofia, de sa vie sociale, de sa transformation physique, de ses espoirs, de ses rêves et de ses envies.

Une bande dessinée qui m'a laissée dubitative. En effet si le propos peut sembler louable : nous montrer un parcours de transidentité, le positionnement de l'autrice m'a paru un peu opportuniste.
Peut-être n'est-ce qu'une expression maladroite mais on se demande un peu pourquoi cette personne qui a perdu lien avec une famille décide de raconter leur histoire. Par ailleurs, elle passe un temps certain à parler d'elle, ce qui semble un peu déplacé.

Son regard se veut naïf (parfois trop ?) et plaira néanmoins peut-être à des personnes découvrant le sujet.

Je suis Sofia de Céline Gandner et Maël Nahon est un roman graphique, autrement dit une grosse bande dessinée à destination des adultes de 171 pages.

La narratrice raconte le parcours de Sofia, petite fille née dans un corps d'homme et qui a passé le cap de l'opération pour changer de sexe. Pour ceux qui connaissent le documentaire télé « Je suis Sofia », ce roman graphique parle de la même personne, mais à un âge différent et il n'y a pas de concertation entre les deux supports BD/TV.

La particularité de l'ouvrage est de ne pas s'arrêter à un témoignage de vie, mais d'aborder également la motivation de l'auteur et ses réflexions personnelles qui l'ont poussé à s'intéresser à Sofia.

Du coup, l'histoire se décompose en deux temps :

- Rencontre avec Sofia, découverte de son changement de sexe et « oh, je vais faire un roman pour en parler, vous en pensez quoi ? ». Là, j'avoue que pendant le premier tiers du récit, je n'ai pas été très convaincu. Cela vient du fait que converser transsexualité pour moi n'est pas du tout tabou et je n'ai pas compris les difficultés de l'auteur qui hésite beaucoup dans sa démarche et demande l'avis de tout le monde, comme si c'était une thématique exceptionnelle.
Cependant, je dois reconnaître que si ce roman nous avait projetés immédiatement dans l'histoire de Sofia et de ses dilatations, il aurait peut-être manqué un préambule. Donc, dans un sens, cette introduction a aussi son intérêt.
Peut-être était-elle juste un peu trop longue.

- Les « tea time » avec Sofia et les échanges avec ses proches, qui ont pour but de répondre à de nombreuses questions que l'on peut se poser à propos de la transsexualité et surtout de l'opération chirurgicale et ses suites. Là franchement, j'ai appris des choses. Et on ne peut qu'éprouver de la compassion pour le parcours de Sofia qui a été très douloureux.
Cette seconde partie est assez captivante et se lit très bien.

Il devrait y avoir une troisième partie à ce roman, mais qui à mon sens est restée un peu survolée : le pari était de présenter la ville de Rome comme un personnage reliant Sofia à la narratrice.
À ce sujet, il y a de très jolies illus qui se pointent de temps en temps, mais à chaque fois, les scènes romaines m'ont semblé arriver à contretemps. Elles ne m'ont pas paru apporter grand-chose.

Côté dessin pour l'ensemble du récit : les illustrations sont vraiment belles et de qualité. le style m'a paru assez épuré, sans chichi, et les couleurs choisies donnent un aspect doux. le propos est grave, mais le coup de crayon est apaisant. le livre est agréable à manipuler, que ce soit la couverture ou les pages papier à tourner. le support roman graphique est très réussi.

En conclusion, pour moi, ce roman est parfait si vous vous intéressez au parcours de quelqu'un ayant vécu une opération de changement de sexe, et si vous avez besoin d'entendre parler de transsexualité avec beaucoup de bienveillance.

Par contre, on ne peut pas dire qu'il s'agisse d'une BD légère ou divertissante. Ceux qui veulent une lecture détente, gardez ce livre pour un autre moment. ^^