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Critique de BillDOE


Gabriel Garcia Marquez raconte l'histoire du village Macondo fondé par la famille Buendia et de sa progéniture sur six générations jusqu'à sa destruction. L'idée de ce roman lui vient lorsqu'il revient dans son village natal, Aracataca, qu'il a quitté à l'age de huit ans. Il s'aperçoit qu'il n'est pas du tout comme il se l'imaginait dans ses souvenirs ou à travers les histoires que lui racontait sa famille. Profondément déçu, se sentant trahi, il va inventer Macondo, fondé par José Arcadio Buendia et Ursula Iguaran, cousin et cousine, qui se marièrent et formèrent le début de la dynastie Buendia. Celle-ci s'étale sur un siècle et se termine par la réalisation d'une malédiction et l'anéantissement du village et de tous ses habitants. « Car il était dit que la cité des miroirs (ou des mirages) serait rasée par le vent et bannie de la mémoire des hommes à l'instant où Aureliano Babilonia achèverait de déchiffrer les parchemins, et que tout ce qui y était écrit demeurait depuis toujours et resterait à jamais irrépétible, car aux lignées condamnées à cent ans de solitude, il n'était pas donné sur terre de seconde chance. »
L'auteur donne l'impression de s'être vengé de l'illusion perdue de ses souvenirs d'enfance en narrant cette tragédie, en maculant ses pages du sang et de la matière fécale des habitants. Ils ont bravé le Ciel en passant outre toute recommandation, en consommant leur union coupablement incestueuse et ils en payèrent le prix par les générations maudites et leur anéantissement. La référence à l'épisode du nouveau Testament est on ne peut plus claire.
La lecture est rendue particulièrement difficile par la répétition des prénoms donnés aux enfants, ceux-ci prenant celui de leurs parents. On est vite perdu par cette tradition hispanique, immortalisant le père par la transmission orgueilleuse de son nom à sa descendance mâle, et de même d'une mère ou d'une tante, à une fille.
Autre difficulté, tout le côté ésotérique du récit qui ressuscite les morts, rappelle les esprits de l'au-delà et les mélange au commun des mortels.
Ce qui frappe dans « Cent ans de solitude » c'est l'absence de romantisme dans les relations entre les personnages et leur individualisme. Leur chair les anime plus souvent que leurs sentiments.
Il y a une grande animalité, une sauvagerie, une barbarie tout au long du roman, qui est latente. Elle n'attend qu'un prétexte pour surgir, s'acharner avec la plus grande cruauté. Jusqu'à la nature qui se déchaînera pour noyer, pourrir et finir par anéantir le village et sa population après plus de quatre ans de pluie.
« Cent ans de solitude » est un mélange de « Alice au pays des merveilles » et de « vol au-dessus d'un nid de coucou », entre surnaturel et asile de fous.
Gabriel Garcia Marquez rédige ce roman dans la plus grande précarité avec le soutien de son épouse et dans une pièce de deux mètres sur trois. Il vendra la plupart de ses biens pour le terminer. Reconnu comme un chef-d'oeuvre de la littérature sud-américaine, il n'est pas facilement accessible et sa lecture est ardue.
Traduction Claude et Carmen Durand.
Editions du Seuil, Points, 461 pages.
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