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Critique de Zora-la-Rousse


Macondo était au commencement un village, un simple village implanté en plein coeur de la forêt amazonienne.
Fondé par des membres de la famille Buendia, José Arcadio et Ursula, leur maison se trouvait au milieu du village, ouverte à tous. On y trouvait un atelier, une cuisine, des chambres bien sûr, et au milieu de la cour, un châtaignier.
S'y sont succédé plusieurs générations, des Aureliano, des José Arcadio, ou des Arcadio tout court ; de même que des Ursula, des Amaranta, des Remedios, contribuant ainsi à écrire une histoire de près de 100 ans...

À moins, attendez… À moins qu'il ne s'agisse là en vérité de l'histoire d'une seule et même personne, modelée et traversée elle-même par l'histoire de ce village de Macondo, qui grandit, s'étend, subit la guerre, connaît l'essor de l'industrie pour finalement sombrer dans une forme d'oubli… Un personnage dont on nous dévoilerait les multiples facettes : immature, joyeux, rêveur, bagarreur, inventif, généreux, cultivé, social et bourru, fou…au fil de son histoire propre.

Comment savoir ?

Cent ans de solitude est un de ces rares romans où chaque lecture et relecture sera une découverte et une re-découverte, où chaque lecteur trouvera une partie de lui-même tout en découvrant des aspects de l'âme humaine qu'il ne soupçonnait pas.

C'est un livre onirique, où l'esprit de l'auteur s'amuse de tout, par énigmes, mais cependant avec une grande universalité. Jouant tour à tour avec les registres comique et tragique, de l'ennui ou de la passion, il nous bouscule dans cette histoire incroyable à dormir debout.

C'est une oeuvre où le temps est comme distordu, où parfois il s'arrête et se fige, ou bien au contraire, il file à une vitesse telle qu'on ne l'a pas vu passer. Ce temps frivole n'a pas prise sur les personnages et parfois même les oublie, à moins qu'il ne s'agisse là d'une facétie du magicien Melquiades...

C'est le récit de la mémoire à l'épreuve, où peuvent s'opposer l'oubli (accidentel ou volontaire) au devoir de mémoire comme une épreuve de force. L'épisode de la « peste de l'insomnie » qui terrasse le village et ses habitants dans une perte de mémoire totale est terrible, tout autant que l'histoire de la petite jeune Rebecca qui transporte les ossements de ses parents dans sa sacoche, dans un ultime effort de remémoration d'identité.

C'est enfin la narration de la difficulté d'être, dans la filiation, dans le couple, dans la fraternité ou la sororité, dans sa condition d'homme ou de femme. Plus encore, il y est question de désirs, assouvis ou non, du consentement, du bonheur, et de fatalité...

Cent ans de solitude, c'est tout ça et plus encore pour moi, indéfinissable et magnifiquement troublant, au « réalisme magique » auquel je n'ai su résister, au réalisme psychologique incroyablement restitué, au réalisme sociologique parfois violent, voire révoltant.

Une lecture exigeante mais riche, qui ne peut laisser indifférent, et dont les dernières pages confinent simplement au sublime…
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