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Critique de Krissie78


Voilà un « classique » qui requiert un peu de courage et de ténacité pour être apprécié. Et j'avoue que sans une lecture commune j'aurai été tentée d'abandonner à nouveau.

Comment résumer ce livre épique ? On dira juste qu'il s'agit de la saga d'une famille sur cent ans, du moment où José Arcadio Buendia et sa femme Ursula arrivent sur un lieu reculé et isolé où ils vont fonder la ville de Macondo, jusqu'à la sixième génération. 100 de vie et de mort, de croissance et de décadence. 100 ans d'une histoire riche, exubérante, épique.

Mais s'agit-il de la grandeur et décadence d'une famille ? d'une ville ? d'un pays ? Faut-il y voir une saga familiale, un récit historique, un conte philosophique, une histoire fantastique ?

Gabriel Garcia Marquez fait de cette oeuvre un peu tout cela et beaucoup plus encore, et construit un roman que le lecteur aborde un peu comme un marathon. Ainsi s'il ne donne aucune date, en cherchant sur internet et en faisant des recoupements avec l'histoire de la Colombie on voit qu'il reprend certains faits réels de l'histoire de la Colombie. Mais la grande dose de magie, de phénomènes extraordinaires qui sont semés tout au long de l'histoire, nous ramène plus vers le conte fantastique (l'élévation de Rémédios, la peste de l'insomnie, le déluge, les esprits de morts qui se promènent dans la villa, et tant d'autres). C'est le « réalisme magique « : l'incursion dans le rationnel d'éléments fantastiques et irréalistes. Un style que l'on trouve beaucoup dans la littérature sud-américaine et dont le champion est Gabriel Garcia Marquez. Et pourtant son style reste unique, incomparable, puissant par la poésie de la langue et des images qu'elle suscite. Une poésie, une inventivité, une créativité présentent dans quasiment chaque phrase.

La structure est complexe. Certains l'ont dite « structure fractale ». le récit se déroule, dans une écriture dense, récité par un narrateur et quasiment sans dialogue, et on se dit parfois que ce pourrait être le récit du grillot qu'il ne faut pas interrompre sous peine de le voir perdre son fil et reprendre tout depuis le début. Effectivement le récit n'est pas linéaire pour le lecteur habitué à une littérature classique. L'histoire est une succession d'anecdotes qui amènent d'autres anecdotes, et on passe de l'une à l'autre à la fois en douceur et sans lien évident. Autour des personnages principaux (la famille Buendia) gravitent un grand nombre de personnages et d'histoires secondaires. Pas de chronologie, plutôt de petites histoires racontées d'un tenant, et de nombreux retours en arrière.

Pour autant la magie de l'écriture nous prend dans ses mailles et on se laisse prendre à ce récit foisonnant, où les prénoms se retrouvent de génération en génération, sous le regard d'Ursula, créant la confusion car les similitudes sont nombreuses entre les destinées. Chaque histoire est un prodige d'imagination, de créativité et de poésie. Même les répétitions ne sont pas gênantes. Bien au contraire elles nous aident à nous y retrouver dans ce labyrinthe littéraire dans lequel l'auteur fait tout pour nous perdre. C'est souvent drôle ou tragique, burlesque ou réaliste, naïf et excessif, toujours inventif. C'est aussi ce qui est le plus déroutant et ce qui rend le livre difficile à aborder. Il faudrait oublier toute rationalité et accepter de lâcher prise, se laisser porter de bout en bout. Cela m'a été difficile pour cette première lecture, mais je veux croire que j'y arriverai mieux pour une relecture dans quelques mois ou quelques années
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