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Critique de Fabinou7


Papi Gaby joue les mouchacho au bordel de Bogota,

Cette oeuvre de Gabriel Garcia Marquez parue à la fin de sa vie, librement inspirée de Kawabata, a suscité le scandale et l'interdiction de publication en Iran notamment.

L'embryon d'intrigue est la chaste passion d'un vieillard pour une très jeune pensionnaire de maison close, qu'on ne peut que supposer unilatérale. En effet, à aucun moment le point de vue de cette jeune fille n'est connu et la seule personne qui se porte garante de la réciprocité des sentiments de l'adolescente c'est Rosa, la mère maquerelle…

Garcia Marquez montre avec délicatesse la misère affective d'un homme qui jamais n'a connu l'amour dans l'altérité mais qui a toujours été un client de l'amour. Son dernier fantasme, sa dernière perversion, lubie, élixir de jeunesse, caprice, appelez cela comme vous voulez, c'est cette jeune fille. Si cela pourrait presque être un peu navrant raconté comme ça (un peu ridicule pour lui et révoltant pour elle) ce n'est heureusement pas le chemin du pathétique qu'emprunte l'immense écrivain colombien, mais une voie plus ironique, presque un chuchotement complice pour son lecteur.

“Celui qui n'a jamais chanté ne peut savoir ce qu'est le plaisir du chant”. Les digressions du narrateur sont autant d'occasions pour Garcia Marquez de faire acte de passation. Il lègue à ses lecteurs du monde entier le bonheur de découvrir Pablo Casals et les 6 suites pour violon de Bach, César Franck et sa suite pour violon et piano, les 24 préludes de Chopin mais aussi les boléros d'Augustin Lara, Carlos Gardel ou encore le Lagrimas Negras de Miguel Matamoros.

“Les vieux perdent la mémoire des choses qui ne sont pas essentielles et gardent presque toujours celle des choses qui les intéressent le plus.” Sans réel cheminement narratif, cette promenade dans le quotidien d'un nonagénaire, consommateur émérite de prostituées, est aussi prétexte pour l'auteur, à de sincères et légères réflexions sur l'âge, le temps qui passe, un dernier coup d'oeil dans le rétroviseur. Une lecture déroutante, parfois malaisante, souvent agréable mais pas inoubliable.

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