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Critique de ElTristero


Qu'y a-t-il de commun entre l'élection de Barack Obama, un pervers zoophile, des panneaux routiers, le métro de Londres (on pourrait continuer des heures) ? La typographie. « Sales caractères » (Just my type) est un livre-documentaire consacré à l'histoire incroyable et fascinante de la typographie. L'auteur, Simon Garfield, non seulement est aussi jubilatoire dans sa manière d'aborder la typographie que dans la conception de l'ouvrage : sur la fond comme sur la forme, le livre est un feu d'artifice d'anecdotes qui se mêlent avec la petite et la grande histoire, la quotidienneté et l'événement. Faire de ce livre un fourre-tout de références historiques c'est réducteur la valeur de l'ouvrage est aussi dans sa dynamique « éducative » : ainsi, le béotien appréhende des règles propres à la conception typographique, apprend les codes, les nomenclatures propres à cet univers nébulaire (avec actuellement plus 100 000 polices disponibles, il devient difficile au vulgum pecus de s'y retrouver).

Très vite l'ouvrage apparaitra indispensable pour tout amateur de graphisme. Sa richesse, comme nous l'avons indiqué, vient de son approche ludique de la chose typographique. Ce livre enseignera, renseignera, approfondira des domaines qui apparaitraient comme complètement étrangers : ainsi, cet incroyable chapitre consacré à la psychologie ! L'approche historique permet d'englober, au-delà de l'analyse contextuelle de la naissance, de l'évolution, d'autres éléments qui transcendent la conception typographique. Ainsi l'étude des cas Helvetica/Univers/Futura/Arial permettra non seulement de connaitre les subtilités de leurs conceptions et structures graphiques, les enjeux publics parfois politiques liés à ces polices, les résultantes : on en apprendra sur une époque, sur les considérations esthétiques du moment. Donc, in fine, de comprendre les enjeux de l'industrie typographique.

Malgré cette critique positive, le livre n'est pas exempt de défauts : le plus important, la traduction parfois surréaliste. Prenons un exemple : « une bonne typographie est un instinct né de l'expérience »… magnifique phrase antithétique (en revanche, passerait mieux le terme d'automatisme ou de réflexe conditionné… mais instinct, allons !). On n'échappera pas, non plus, aux poncifs lénifiants et manichéens : au chapitre 18, l'opposition entre les gentils et pauvres petits concepteurs de polices, et les vilains méchants pirates… Manichéen et ridicule.

Ce livre gavera son lectorat : certains en seront écoeurés, dégoutés par les histoires et les références qui fusent ; pour les autres, ils plongeront avec délectation malgré les points noirs évoqués plus haut. Dans ce dernier cas, le lecteur ne jettera plus un regard superficiel (voire quasi inexistant) sur un texte, une mise en page : il portera son regard au-delà, essayant de comprendre le choix de telle ou telle police de caractère… entre lisibilité et graphisme, entre rationalité et esthétique. Cet apprentissage se fera dans l'humour, parti pris assumé par l'auteur (tel ce chapitre sur Comic Sans qui apparaitra quelque peu saugrenu voire surréaliste).
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