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Critique de Sixte


Sixte
01 décembre 2015
Voici un roman qui nous propose comme toile de fond la Chine du XIIIème siècle.
De la Chine ancienne, nous connaissons les empereurs, les concubines, les eunuques, découvertes techniques (notamment les feux d'artifice et la poudre). L'auteur nous parle de tout cela mais aussi ce ce que l'on connaît moins, ce qui touche les autres couches de la population : le dur labeur des paysans, la misère du petit peuple des villes, la vie des étudiants dans les hautes écoles. Enfin, on s'étonne de l'importance des liens familiaux et surtout on frissonne de l'injustice et de l'incroyable cruauté de cette société (le sort des femmes et des jeunes garçons victimes de castration, les châtiments corporels violents et les supplices « chinois » !).

Le héros, Cì, est un jeune homme doué de qualités particulièrement utiles dans le contexte : insensibilité à la douleur et capacités de guérison quasi-miraculeuses. Il est en outre animé d'une grande soif d'apprendre et possède une intelligence extraordinaire qui en fait un « lecteur de cadavres », entendez un médecin-légiste, hors du commun. Cette qualité sera reconnue par tous et mènera son destin, suscitant admiration et jalousie.
Pourtant ce qui nous le rend sympathique à nous lecteurs, c'est un sens de la justice très moderne et peut-être impossible à son époque. Mais pourquoi ne pas y croire puisqu'on croit bien à son invulnérabilité physique ?

Le roman se compose de 6 parties. Les 4 premières (qui représentent une bonne moitié du livre) parlent de la famille de Cì et l'opprobre qui va s'abattre sur elle, de la fuite de Cì et de sa soeur du village et de leurs tribulations dans la capitale où Cì rêve de continuer ses études. Dénué de tout, il tente de soigner sa soeur et de survivre de combine en combine, poursuivi par un méchant persécuteur dont on ne voit pas trop la motivation. le récit est factuel, bien documenté et haut en couleur mais finalement peu original et en tout cas typique d'un roman à héros traditionnel invincible et astucieux. On ne voit pas trop où l'auteur veut en venir.

Ce n'est qu'une fois libéré du poids de sa responsabilité envers sa soeur, et après quelques dérapages, que Cì va enfin rencontrer son destin et que l'intérêt du roman va se raviver. Les 2 dernières parties surtout, réellement passionnantes, font figure de thriller contemporain. On y voit Cì sommé par l'empereur lui-même de résoudre une affaire de meurtre particulièrement obscure dans l'urgence et au péril de sa vie. A la fois légiste et enquêteur, Cì se démène dans l'atmosphère délétère de la cour, entouré d'êtres plus ou moins mal intentionnés : un supérieur avide de pouvoir, un « associé » jaloux et malfaisant, une femme aux charmes vénéneux et interdits, un professeur inverti et amoureux, l'ancien protecteur, …
Petit à petit, Cì parvient à dénouer les fils de la trahison et de la séduction, découvrant peu à peu la vérité concernant les 3 cadavres que rien apparemment ne rapprochait, la vérité aussi concernant sa famille déshonorée et les motivations de chacun. Mais peut-être, aveuglé par la passion, laissera t-il l'essentiel lui échapper ?

L'auteur nous emmène dans les méandres d'une enquête compliquée, semant le doute ou la conviction avec beaucoup d'efficacité. le dénouement, en partie inattendu, nous comble de plaisir. L'idée de faire revivre un personnage historique dans une intrigue policière est originale. L'auteur l'a fait de façon plaisante et érudite. J'ai passé un bon moment !
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