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Critique de PhilippeCastellain


J'ai découvert ce livre grâce à Nathalie, et c'est là mon premier contact avec Romain Gary. Rugueux. Il m'a rappelé cette sentence d'un de ses compagnons sur Charles Nungesser : « il avait un courage de fou, mais il pilotait comme un cochon ». de même, Romain Gary a bien des choses à dire et du courage pour le faire, mais il écrit comme un sagouin. C'est brute, haché, décousu parfois. Scènes d'actions au présent, passé composé pour le reste, saupoudrage de jurons et hop.

Il date de l'époque où Romain Gary vivait aux États-Unis avec sa femme, l'actrice Jean Seberg. Un jour, leur chien fait une fugue. Quelque jour plus tard, il revient avec un nouveau compagnon. Un grand berger allemand parfaitement dressé, plein de réserve et d'élégance, affectueux avec tout le monde. Tout le monde, ou presque. Quand un noir approche de la maison, il devient fou de rage. C'est un « white dog ». On l'a dressé à haïr les noirs. Peut-on défaire ce qui a été inculqué ? On peut tenter...

Cela étant, on voit en fait assez peu Chien Blanc dans cette histoire. Il est avant tout un prétexte à Romain Gary pour régler ses comptes. Avec les partisans du White power comme ceux du Black power, avec les flics et les soixante-huitards, avec les racistes et les anti-racistes... Mais surtout, avec la mouvance américaine des droits civils, dans laquelle il s'était fortement investi, et où sa femme s'était jetée à corps perdu.

Derrière les souvenirs héroïque, la marche de Selma à Montgomery et les protests songs, on découvre un mouvement ayant éclaté en mille fragments avec la mort de Martin Luther King, mais qui avait déjà commencé à se fissurer avant. Une nébuleuse où émergeaient les idéologies les plus délirantes, dont profitaient ceux qui n'avaient pas de scrupules, où pullulaient les informateurs du FBI, mais surtout faisant l'objet d'une lutte de pouvoir acharnée, où tout le monde tirait dans les pattes de tout le monde. Où toutes les raisons et tous les moyens étaient bons pour se critiquer, se menacer, s'entre-déchirer, discréditer ses rivaux.

Aujourd'hui, la lutte contre le racisme s'est enrichie de multiples combat, mais il suffit d'ouvrir Slate, Libération ou Médiapart pour constater que pas grand chose n'a changé depuis Romain Gary...
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