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Critique de Dwalin


Livre reçu par Masse Critique. Pas de grosse surprise dans ce livre, Bill Gates n'est pas devenu altermondialiste et n'est pas pour la décroissance, je vous rassure. Il offre une position conforme à ce qu'on peut attendre d'un entrepreneur, de droite, mais ce que j'appelle la droite "humaniste", celle avec laquelle une discussion est possible, c'est-à-dire qu'il a conscience des problématiques écologiques. Il estime que le développement mondial va continuer, que le niveau de vie dans les pays en développement va rattraper celui des pays riches, ce qui si on ne fait rien sera catastrophique, mais il est convaincu que l'investissement, la recherche, des partenariats avec les états, nous permettront d'obtenir des innovations suffisantes pour parvenir au zéro carbone sans changer notre mode de vie. C'est résolument optimiste, et personnellement je trouve qu'on a envie d'y croire, j'ai toujours en effet l'espoir que soient vite mis au point la fusion nucléaire, le captage direct du carbone dans l'air à un prix accessible, des procédés de fabrication de béton et d'acier sans émission, etc. Mais l'argent ne résout pas tout, et certaines choses ne seront peut-être juste pas possibles. Dans ce cas de figure, Bill Gates préconise de simplement compenser le CO2 émis par captage dans l'atmosphère et stockage (pas en plantant des arbres, ce qui est trop peu efficace ...). Ceci lui permet de toujours pouvoir calculer ce qu'il appelle le Green Premium, c'est-à-dire le surcoût de la version zéro-émission d'un produit donné. le but étant de la réduire au maximum. Par exemple si une voiture électrique coûte 20% de plus qu'une voiture thermique (achat plus usage), le Green Premium est de +20%, et il estime que l'effet de volume et les innovations futures permettront de la réduire à 0 assez vite. À condition que la production d'électricité devienne zéro carbone aussi, ce qui est facile en France grâce au nucléaire, mais pas aux USA où beaucoup de centrales fonctionnent au gaz ou au charbon. Sur certains produits, la GP est déjà négative : par exemple une pompe à chaleur par rapport à une chaudière fioul. Dans ce cas il s'agit uniquement d'une question de temps (on ne change pas une chaudière si souvent que ça). Bill Gates s'intéresse donc à la construction, qui exige beaucoup de béton et d'acier, à l'agriculture et l'alimentation, notamment à l'élevage qui est un problème. Il préconise de manger moins de viande et soutient les initiatives comme les substituts du type Beyond Meat, ou la viande artificielle cultivée in vitro. Il évoque également la production d'énergie : électrification des véhicules de faible rayon d'action, éco-carburants avancés pour les autres, amélioration des batteries, captation du carbone à la sortie des centrales fonctionnant avec des énergies fossiles, au minimum, le Graal étant la fusion (je vous remets les arguments classiques : ressource illimitée - eau de mer, pas de risque d'emballement - ça s'arrête si on débranche, déchets à faible durée de vie, pas de prolifération nucléaire). Une fois qu'on a compris le principe, il fait simplement la même chose sur chaque axe où des innovations sont nécessaires. le plus intéressant est qu'il faut innover également d'un point de vue politique et législatif et travailler à la fois de façon globale, des sommets comme la COP21 étant très intéressants, mais aussi au niveau des états qui par leur pouvoir d'achat et la mise en place de réglementations peuvent faire beaucoup, et des villes ou régions, qui quand elles décident de l'urbanisme, d'une commande du bus électriques, ou de la construction d'infrastructures "vertes" agissent également. le citoyen par contre, si ce n'est collectivement par son vote et son engagement politique ou associatif, n'a qu'un poids très limité à titre individuel.
C'est sur cette terrible déception que je vais conclure. Juste une dernière chose à retenir : pour Bill Gates, notre objectif doit être zéro émission dans les pays riches en 2050, ce qui nécessite de mettre en place d'ici 2030 les outils réglementaires. Et si on peut mesurer la volonté politique des gouvernements aux sommes investies dans la recherche sur les énergies, le béton et l'acier propres comme il le suggère, je pense qu'on va vite constater qui a des objectifs crédibles et qui fait du vent.
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