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Critique de BVIALLET


Un essai fort intéressant sur les problèmes du trafic de drogue en banlieue écrit par deux hommes de terrain : Stéphane Gatignon, maire de Sevran (93) et Serge Supersac, directeur d'une compagnie de CRS. le maire et le policier, chacun à son tour s'exprimant au fil des chapitres. Tous deux s'entendent pour dresser un tableau des plus alarmants de la situation. En quelques années, la vente de cannabis, avec un chiffre d'affaires estimé à 1 ou 2 milliards d'euros, est passée de l'épicerie à l'hypermarché. 31% des plus de 15 ans ont déjà tâté de l'herbe. Les dealers font la loi dans les quartiers, créant des zones de non-droits et réglant leurs différents à coup de kalachnikovs. 700 à 1000 grossistes ou semi-grossistes peuvent gagner jusqu'à 500 000 euros par an, 6000 à 13 000 intermédiaires se contentent de 80 000 euros alors que le gros de la troupe, les 100 000 dealers de rue ne ramassent que quelques centaines d'euros. C'est dire l'importance de cette économie parallèle que les pouvoirs publics laissent prospérer pensant ainsi acheter « la paix sociale ». Mais c'est également faire peu de cas de la souffrance et de la détresse des habitants des immeubles dont les halls sont squattés, des jeunes dont l'avenir est hypothéqué et des « nourrices » qui se retrouvent complices « volens, nolens » de tous ces trafics en cachant chez elles armes, argent et produits. Et c'est oublier que le marché commence à se saturer amorçant une terrible guerre des gangs avec son lot de morts et de balles perdues. Veut-on en arriver à une dérive à la mexicaine ou à la colombienne ? Il est grand temps de prendre le problème à bras le corps. Et pour les deux auteurs une seule solution : sortir de la prohibition, inciter les agriculteurs à planter du chanvre et organiser la vente de cannabis, en un mot court-circuiter toute la filière. Ils n'y voient que des avantages. Partout où il y a eu dépénalisation, la consommation a baissé et les produits proposés ont gagné en qualité. Actuellement, on trouve des excréments de chameau, des morceaux de pneus ou de plastiques dans le shit. de plus il serait enfin possible d'organiser de véritables campagnes d'information comme celles déjà menées contre la délinquance routière, l'alcool ou le tabac. Bien évidemment, il faudrait trouver du travail à ces 100 000 dealers privés de ressources et surtout faire preuve d'un peu de courage politique... Ce livre a le très grand mérite d'ouvrir un débat de société important et malheureusement bloqué et de proposer des solutions pour faire avancer les choses. Les auteurs ne manquent pas d'arguments convaincants et solidement étayés.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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