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Critique de Kirzy


Voilà un thriller complètement atypique qui séduira certains ( c'est mon cas ) comme il en rebutera d'autres.

Déjà, il demande un vrai effort d'acclimatation par le style d'écriture qu'il déploie. Avec son phrasé staccato presque épuré, sans adjectif, juste quelques mots justement choisis qui punchent des phrases assez lapidaires, avec son parler vernaculaire à coup d'argot et de slang, il désoriente. Et puis, je m'y suis faite et ai été portée par son rythme et ses dialogues qui captent remarquablement l'oralité.

Ce qui surprend également, c'est la direction que prend la double narration, alternant la voix de Ghost, un perceur de coffres monnayant ses services au FBI et à la DEA ( agence fédérale américaine chargé de la lutte contre le trafic de drogue ) et celle de Glasses, lieutenant d'un chef de gang de South Central ( Los Angeles ) à sa poursuite lorsque Ghost vide un coffre appartenant à son patron au nez du FBI.

Une chasse à l'homme classique aurait pu suivre, mais le scénario est ancré dans un contexte politico-social très particulier et pertinent : 2008, juste avant la déflagration de la crise économique des subprimes. Surtout, Ryan Gattis donne une profondeur psychologique très forte aux deux duellistes, le gangster et le perceur de coffre : Ghost est sans doute le plus touchant, ex-junkie vivant dans les souvenirs enamourés de sa petite amie décédée d'un cancer, transformé en Robin des bois modernes volant pour aider son mentor père de substitution et de nombreux anonymes prêts à être engloutis par leurs arriérés hypothécaires ; Glasses, le gangster devenu père qui veut tout lâcher pour mettre sa famille à l'abri, indic' du FBI mais obligé de traquer Ghost en attendant.

Ces deux personnages se ressemblent énormément dans leur quête de rédemption, dans leurs aspirations à reconstruire une nouvelle vie. On sent toute l'empathie de l'auteur pour ces deux-là, presque un peu trop. le rythme du roman est très étrange, entre scènes haletantes et passages introspectifs jusqu'à la rêverie - voire la philosophie - qui casse la structure habituelle des thrillers en la ralentissant à l'extrême par moment.

Mais peu importe ces quelques longueurs ou répétitions, j'ai aimé ce roman noir surprenant, tout particulièrement ses derniers chapitres, lorsque les trajectoires individuelles de Ghost et Glasses commencent à se rejoindre pour fusionner dans une tension palpable qui culmine dans une fin très réussie qui fait réfléchir sur le sens de la vie et ce que cela signifie être une bonne personne sans y répondre de façon manichéenne. La multitude des significations du titre résonne et prend alors tout son sens.

PS : un glossaire des mots d'argot n'aurait pas été de trop ...

Lu dans le cadre du Prix des Lecteurs Livre de Poche catégorie polar 2020.
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