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Critique de EvlyneLeraut


« Corvidés » est époustouflant. Mené d'une main de maître par David Gauthier, ce polar juste né est déjà un vif succès. Il faut dire qu'avant l'intrigue, il s'agit de l'écriture qui est un petit miracle. On est à l'aise dans ce récit « benaise » comme on dit en Charente. David Gauthier emprunte les codes de l'humour, du suspens, de la psychologie, toujours dans cette finesse, palme d'une trame dont on ne lâche rien. « Corvidés » est cela : une ambiance, un évènementiel implacable, l'habitus d'un village qui va voler en éclats. Des protagonistes qui vont s'entre-déchirer. le marionnettiste Nicolas Berger, journaliste à « La Gironde » (suivez mon regard) va démêler les noeuds d'une affaire hors norme. Qui est donc le corbeau de Salerac ? « Un corbeau sévit dans le village de salerac depuis plusieurs semaines. Il envoie des lettres comme ça à tout le monde. Ça tombe chaque jour, comme un couperet ». Nicolas Berger mène l'enquête. Plus il déplace les pions et plus sa propre histoire de vie douloureuse qui plus est (une séparation dotée d'un chagrin d'amour) va être un électrochoc, un exutoire pour lui. La mairie de ce village est une cocotte-minute prête à exploser. Turbulences, aigreurs intestines, un maire disparu. Mais où se trouve-t-il donc ? David Gauthier est habile. L'ombre de Nicolas Berger devenue.Le summum est la rencontre fabuleuse avec Charles, brocanteur. Ici, la lecture est sublime. Quant à l'écriture, elle est dans cette haute voltige mais d'une telle humilité, sans arrogance, le piédestal. Et, que ça fait du bien ! « Il emprunte un langage autrement plus soutenu et précis de la voile et étire ses phrases comme des trainées blanches d'écume qui mettent quelques secondes à se fondre dans l'océan. » « -Vous savez, je peux vous la jouer brocanteur moi aussi, pendant des heures s'il le faut : Vous préférez un modèle classieux, ou une table de grand-mère en chêne massif… -Pourquoi on t'a envoyé depuis la grande ville pour v'nir là ? Ton canard te laisse vagabonder comme ça une semaine, dans ce coin paumé, pour un seul article ? -Faut croire… -Si t'es pas honnête avec moi mon p'tit, j'le serai pas non plus… Et on se marre comme des baleines. » Haut les coeurs ! Nicolas Berger subrepticement perce au grand jour tous les mystères. Soulève la poussière sous le tapis. Lettres diffamantes qui sèment la zizanie mais pourquoi donc ? N'oubliez pas que nous sommes dans un village entouré des vignes, donc, voici le mot qui fâche : pesticides. Attention ! ici pas de politique, de jugements. Trois corbeaux ornent les lettres dans le bas de page. Que signifie ce symbole ? Ce récit trépidant, captivant est une double chance. Lire un premier roman qui dépasse largement ses grands frères. Une déambulation en terres charentaises, un futur feuilleton télévisé en version 3D un jour certain, vous avez « Corvidés ». Brillant. Publié par les majeures Éditions Envolume.
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