Face à la guerre

L'Europe s'est construite de manière introspective dans le refus de la guerre. Aujourd'hui, la défense de la paix l'oblige à être forte et extravertie. Et cela d'autant plus que les élargissements réalisés et prévus la mettent en contact avec les zones les plus perturbées de la planète. [p.331]

Guerre du faible contre le fort, la guerre asymetrique recouvre autant l'idée d'une incompatibilité des moyens militaires que l'idée d'une incompatibilité des logiques entre adversaires appartenant à des systèmes politiques, sociaux, culturels distincts.

la violence privée se diversifie et dissémine à la surface du globe. [...] Il s'agit de "violences moléculaires" qui ont tendance à proliférer dans les zones d'ombre de la mondialisation. Ces zones d'ombre s'étendent là où le monopole légitime de la violence appartenant à l'Etat - selon l'expression de Max Weber - est affaibli, contesté ou combattu. On assiste alors à une privatisation de la violence et de l'usage de la force. Dans ces zones, ce n'est pas la conquête du pouvoir qui est recherché par des acteurs transnationaux ou infra-étatiques (sociétés multinationales, cartels, sectes, organisations terroristes, groupes paramilitaires) [mais] pour permettre les trafics, les activités illicites, l'accaparement des ressources naturelles. Pour y parvenir : l'intimidation et la corruption, la privatisation de la violence et de la force. [p.220]

dans le climat d'affolement qui suit le 11 septembre, les Etats-Unis s'engouffrent dans une approche préventive en faveur de l'action à tout prix ; les Européens, au nom du principe de précaution, se réfugient dans l'abstention chaque fois que l'issue d'une entreprise n'apparaît pas suffisamment garantie. Les premiers amplifient la doctrine du zéro risque quand les seconds cultivent la philosophie du zéro prise de risque. [p.174]

On ne forme [...] pas une politique de défense dans le temps réel de la gestion de crise [p.64]

Le présent n'est pas pour autant un horizon sans problème [...] il est criblé de dettes."Formulé à partir du présent et pesant sur lui [cet] endettement, tant en direction du passé que du futur, marque l'expérience contemporaine du présent. Par la dette on passe des victimes du génocide aux menaces sur l'espèce humaine, du devoir de mémoire au principe de responsabilité. " [p.47]