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Critique de emdicanna


Enfin l'ouragan tomba, et la neige, suspendue en l'air, put descendre moins tumultueusement sur le sol. Aussi loin que l'oeil pouvait s'étendre, la campagne disparaissait sous un linceul argenté.
"Où est donc Matamore, dit Blazius, est-ce que par hasard le vent l'aurait emporté dans la lune ?
- Nous ne l'avons pas vu, dirent les comédiens, et comme les tourbillons de neige nous aveuglaient, nous ne nous sommes point autrement inquiétés de son absence, le pensant à quelques pas de la charrette.
(...)
On résolut d'attendre quelques minutes, lesquelles passées, on irait à sa recherche. Rien n'apparaissait sur le chemin, et de ce fond de blancheur, quoique le crépuscule tombât, une forme humaine se fût aisément détachée même à une assez grande distance. La nuit qui descend si rapide aux courtes journées de décembre était venue, mais sans amener avec elle une obscurité complète. La réverbération de la neige combattait les ténèbres du ciel, et par un renversement bizarre il semblait que la clarté vint de la terre. L'horizon s'accusait en lignes blanches et ne se perdait pas dans les fuites du lointain.
(...)
" Il faut l'aller chercher sans attendre, dit Blazius, avec la lanterne dont la lumière lui servira de guide et d'étoile polaire s'il s'est égaré du droit chemin et vague à travers champs ; (...)
L'orage avait bouleversé la neige de façon à effacer toute trace ou du moins à en rendre l'empreinte incertaine. La nuit rendait d'ailleurs la recherche difficile, et quand Blazius approchait la lanterne du sol il trouvait parfois le grand pied du Tyran moulé en creux dans la poussière blanche, mais non pas le pas de Matamore, qui, fût-il venu jusque-là, n'eût pas marqué non plus que celui d'un oiseau.
Ils firent ainsi près d'un quart de lieue, élevant la lanterne pour attirer le regard du comédien perdu et criant de toute la force de leurs poumons : "Matamore, Matamore, Matamore !"
(...) le silence seul répondait ou quelque oiseau peureux s'envolait en glapissant avec une brusque palpitation d'ailes pour s'aller perdre plus dans la nuit. Parfois un hibou offusqué de la lumière piaulait d'une façon lamentable. Enfin, Sigognac, qui avait la vue perçante, crut démêler à travers l'ombre, au pied d'un arbre, une figure d'aspect fantasmatique, étrangement roide et sinistrement immobile.
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