Frédo et moi, on est inséparables. Je sais que dans les romans, il y a tout plein de jeunes homosexuels amoureux de leur meilleur ami hétéro, et qui se consument en silence. C'est super romantique... ou très glauque. Parce que, faut être clair, un hétéro qui se transforme en super amant gay sous la magie de l'amoooour, c'est à peu près aussi fréquent que le crapaud qui se transforme en prince avec un baiser. Vous en avez déjà rencontré beaucoup, vous, des princes crapauds ? Moi, non. Et pourtant, j'ai essayé. Mais bon j'avais huit ans, j'étais très naïf, et c'est la faute à Frédo, qui m'avait juré que ça marcherait. Crétin !
Mes lèvres errent sur son beau visage, je baise ses paupières frémissantes et les longs cils bruns qui papillonnent, ses tempes où une petite veine bleue palpite au rythme de son cœur, une pommette saillante, une joue que commence à percer le chaume de sa barbe, l'angle de la mâchoire, la colonne ferme de son cou, le petit triangle de peau sous l'oreille, je reviens à ses lèvres tendres, les bécote, les mordille, et je repars, inlassablement.
Ce sont des moments d'une telle douceur, d'une telle tendresse que je sens des papillons battre des ailes dans mon ventre, et mon petit cœur qui s'envole, bien haut, bien loin de la terre...
Je crois qu’on a tous quelque chose à fuir, et certains plus que d’autres.